Critique de
AMERICAN GANGSTER/GANGSTER AMÉRICAIN
Quand des pros radotent!
D’entrée de jeu, ya pas d’quoi fouetter un chat! Honnêtement, de la part du scénariste Steven Zaillian (Gangs of New York; Schindler’s list; Hannibal), je m’attendais à une adaptation beaucoup plus approfondie et tordue que ce compte rendu linéaire du « dealer » de drogue des années ’70, Frank Lucas. Quant à Ridley Scott, depuis le temps, vous savez que je ne le porte pas dans mon cœur et, encore cette fois-ci, il est en-deça de ce qu’il est capable de faire visuellement.
Le gros problème d’American gangster, c’est que le duo Zaillian/Scott a préconisé l’aspect antagoniste du sujet, c’est-à-dire la juxtaposition de deux entités foncièrement pareilles, mais vivants dans des milieux opposés. Pour être plus clair et moins pêteux, le revendeur Lucas (excellent Denzel Washington) est bon avec sa famille et de manière généralement affable et le détective Richie Roberts (tout aussi excellent Russell Crowe), inconséquent avec sa femme et son enfant et d’allure négligée. Tous deux ont pourtant des principes justes et sont durs en affaires. Nous voyons donc le yin et le yang d’une même personne, Zaillian et Scott tentant l’expérience (simple) d’une réflexion sur les conflits internes que la plupart des gens vivent tous les jours. Et c’est trop souligné!! Ce manque de respect envers notre intelligence crée une distanciation quant à l‘aspect divertissement de l’entreprise. Non pas que le contenant d’American gangster soit décevant, bien au contraire! La reconstitution graphique (costumes, décors, musique) est impeccable. Simplement que ce n’est pas le premier film à nous montrer l’ascension, le succès et la descente d’un arriviste mafieux et du chat le poursuivant. D’ailleurs, la durée du film est un autre aspect dérangeant de Gangster américain! Tant qu’à prendre autant de temps (2h37) pour peinturer la vie des deux protagonistes principaux, cela aurait été apprécié de ne pas bâcler la finale et de prendre le temps de montrer la relation se créant entre Lucas et Roberts après l’arrestation (j’espère ne pas offusquer quelqu’un en dévoilant ce « non »-punch!!??) Cette portion aurait mérité un regard plus approfondi. Tout comme sur les personnages d’ailleurs!!
Ridley Scott a trop fait confiance au scénario et son duo d’acteurs (Crowe et Washington) ont livré la marchandise… Avec ce qu’ils avaient! La caméra du réalisateur ne fait que flatter les comédiens, jamais elle ne s’attarde à la psychologie des scènes, ni l’intention profonde des personnages. Reste que ces deux acteurs crèvent littéralement l’écran. Leurs magnétismes et leurs talents respectifs pour s’approprier un rôle portent le film au-delà de la simple biopic télévisuelle. C’est pourquoi je me plains de la longueur des premières deux heures du film! La fameuse rencontre entre eux deux laisse sur la faim! Le maudi...ne de bine de truc du montage musical pour créer une ambiance de camaraderie est navrant de la part d’un vieux routier comme Ridley Scott. Trop facile!! Tout comme le truc du suivi en parallèle des deux histoires qui se croiseront irrémédiablement vers la fin. Décevant! Est-ce que Scott s’est effacé derrière l’histoire vraie de Lucas ou simplement ramolli face à un sujet trop dense comme cette ascension fulgurante d’un « dealer » noir seul face à la mafia italienne? Trop linéaire comme traitement et trop souligné comme scénario.
American gangster est indéniablement un bon film, car il a comme artisans des professionnels de première qualité. Malheureusement, pendant que ses acteurs vont au front, les « raconteurs » radotent!! Dommage! Un petit resserrement dans la salle de montage n’aurait pas été négligeable, je suppose?!
Pas impressionné!! 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net