CRITIQUE DE

BABEL

La tour de monde en Inarritu

Sublime! En trois films majeurs (Amores perros; 21 grams), le jeune Mexicain Alejandro Gonzales Inarritu aura su faire sa marque dans le 7 e art! Et Babel en est son plus accompli (pour le moment!) Voilà la signature d’un futur grand auteur de cinéma, que les studios ne semblent pas contrarier. Il a une vision très universelle et, en même temps, moderne de notre civilisation. Il faut évidemment remercier aussi son scénariste attitré, Guillermo Arriaga, qui a pondu un texte dense, intense, juste et même cinématographiquement dramatique, avec la co-relation d’un événement qui enclenchera une série de mésaventures pour plusieurs protagonistes à travers la planète. Jamais le spectateur ne sera perdu au travers des cinq moments charnières de Babel.

Un montage fluide, un film organique!

Vous comprendrez que la métaphore de la tour de Babel consiste en la difficile relation entre les cultures, les langues et les Hommes. Un incident anodin, à première vue (deux enfants arabes avec un fusil), aura des répercussions tragiques sur un couple américain en vacances, qui, de fait, ne pouvant plus se déplacer, nuira au voyage de la gardienne mexicaine de leurs enfants, aux États-unis. Une enquête sera menée pour retrouver les coupables au Maroc qui amènera un inspecteur japonais à entrer en contact avec une sourde-muette. Du gâteau? (…) Ayoye!

Babel d’Alejandro Gonzales Inarritu montre l’incommunicabilité des peuples, l’incompréhension des êtres et la faiblesse de l’âme. Mais en même temps, c’est un message d’amour et d’ouverture que le réalisateur et l’auteur veulent transmettre, par des images souvent dures, des moments pénibles, mais aussi avec les non-dits physiques de partage, d’amitié et de retenue. Pour ce faire, le choix de casting est irréprochable, tous les comédiens étant habités d’une aura de vérité. Brad Pitt, Cate Blanchett, Adriana Barazza, Gael Garcia Bernal, Kôji Yakusho, ces gros noms ne prennent jamais le haut de l’affiche au détriment de l’histoire. Que leur rôle soit petit ou de premier plan, ils illuminent l’écran! (Je n’ai pas vu le film Indigènes, palmé à Cannes ‘06 pour sa distribution complète, mais Babel méritait aussi ce prix, à mon avis! J’attends toujours…)

Babel est un tableau (très) proche de ce que nous vivons présentement et il faudra s’ouvrir les yeux pour pouvoir vraiment comprendre son prochain. Voilà un pas de fait! Merci à Inarritu et Arriaga pour ce magnifique poème lyrique. À voir avec le cœur pour ouvrir l’esprit! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net