Critique de

BABINE

Grosses babines de poisson!!

 

Avec un titre pareil, on peut se rebuter à s’intéresser au film de l’acteur Luc Picard.  Babine?  De quessé??  De prime abord, ça fait « fond de campagne »!!  Bonjour la culture!!  Donc, à cause de mon « amour » pour ma cinématographie québécoise, j’allais passer outre et voir ailleurs si j’y étais.  Mais c’était sans compter sur ma blonde!!  Elle était curieuse et, évidemment, ‘fallait que j’y aille.  Cré ben, tsé!! 

Par chance que je l’ai marié, sinon, j’en manquerais des bonnes choses (sauf pour le ménage, mais ça, c’est une autre histoire…)  Écrit par le conteur Fred Pellerin, la transposition au grand écran de son univers  est fabuleuse.  Les personnages sont colorés, le récit est à la limite de l’invraisemblable et l’atmosphère rappelle énormément le côté positif de Tim Burton (surtout son film Big fish).  Tout un mélange adéquatement dosé par Picard, qui y joue un éleveur de mouches et inventeur de métier, qui parrainera notre « héros » Babine de sa naissance à ses morts!!  L’acteur a peaufiné son art depuis sa première œuvre, l’Audition (2005).

Ce qu’il y a d’intéressant avec le film, ce sont les niveaux d’interprétation que l’on décèle dans l’écriture de Pellerin.  Au premier degré, on suit un simple d’esprit (excellent Vincent-Guillaume Otis) qui flotte sur la Vie et qui interagit avec le village de St-Élie-de-Caxton.  Au deuxième degré, l’auteur analyse l’intervention qu’a eue l’église sur les communautés d’autrefois, à travers deux curés diamétralement opposés (Julien Poulin et Alexis Martin).  Le troisième degré, c’est la culture québécoise qui y est peinturé et imagé de superbe façon.  Évidemment, chacun sa vision des « faits » et je vous laisse juge du produit final, mais Luc Picard a su diriger les mots de Fred Pellerin et les a amenés vers des sentiers rarement exploités dans notre cinéma. 

On ne peut que fondre devant Babine, le persécuté heureux, et la pléiade de gens l’entourant (madame Gélinas, enceinte depuis 20 ans; la Sorcière; Lurette la pleureuse amoureuse; Riopel, le forgeron au cœur tendre; Méo le coiffeur saoulon), rappelant nos racines, que Pellerin et Picard n’ont ni exagéré, ni aseptisé.  Ce dosage de bon goût, embelli (je me répète) par la prose de l’auteur font de Babine un conte pour tous qui ouvre une fenêtre sur notre passé et cimente celui-ci dans l’avenir sur pellicule. 

Vous rirez, vous pleurerez, vous grincerez des dents devant les (més)aventures du fou du village et vous féliciterez d’avoir écouté votre blonde pour ce doux moment de folie.  (En plus, ça sauve du ménage!!  Une pierre, deux coups………….  Hé! Hé!)  Cré Babine!!  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net