Critique de

BABYLON A.D./BABYLONE A.D.

Ma cabane au Canada

Je suis en train de me demander sérieusement si Mathieu Kassovitz ne serait pas l’affaire d’un seul film, soit l’excellent la Haine (1995)?  Depuis, il ne cesse d’enligner les produits mal fignolés, des sous-films à la limite du plagiat ou simplement du vent (Assassin(s); Gothika; Rivières pourpres, quoique celui-ci fut mieux exploité!).  Son dernier méfait est une adaptation libre de Babylon babies de l’auteur Maurice G. Dantec, où un mercenaire (le stoïque Vin Diesel), dans un monde post-apocalyptique près de nous, doit escorter une « vierge  Marie» (Mélanie Thierry, correcte!) convoitée par plusieurs extrémistes pour ses vertus miraculeuses et dangereuses.  Dit comme ça, le synopsis est vendeur, car tout ce qui attrait à la religion est intéressant, si bien traité.  Et, comme toujours, ce n’est que rarement bien traité!  Ils ne sont pas légion, ces films qui se risquent sur ce terrain glissant et qui finissent à la ligne d’arrivée en gagnant (ex. :  the Godfather, Exorcist, Agnes of God, j’en oublie!)  Babylon A.D. ne fera pas partie de la liste des champions!!!

Le gros du problème vient du scénario même, où les inepties sont dites à un rythme effarant et où le thème central n’est abordé qu’au ¾ du film, en une scène quasi grotesque (soyons gentils, elle est potable en comparaison au reste!) où Lambert Wilson dévoile la clef de l’énigme et ses allégeances.  Tout le reste, je dis bien « tout », n’est que futiles poursuites, effets techniques et copies de Fifth element, Blade runner, XXX et j’en passe tant elles sont nombreuses!! 

Outre Diesel qui à la présence d’un « 10 roues » (Ne lui en voulons pas, c’est son rôle depuis des lustres!), le reste de la distribution, composée essentiellement de Français sachant parlés ou baragouinés l’anglais (Wilson, Thierry, Charlotte Rampling, Gérard Depardieu, Jérôme Le Banner) font dans le granguignolesque.  Quant à Michelle Yeoh, elle ne fait franchement pas crédible en bonne sœur!  De toute façon, la faute revient en grande partie à Kassovitz qui n’a pas su tenir adéquatement les rennes de SON film, même s’il se défend d’avoir été brimé dans sa liberté d’expression artistique.  C’est bien la première fois que je vois un réalisateur blâmer les producteurs et les distributeurs sur la place publique en disant que son film est une « merde »??!!  Il a pas mal raison pour ce qui est de la qualité du film, mais, aux dernières nouvelles, c’est encore lui le maître à pensée de Babylon A.D.  Qu’il assume!  Bonjour intégrité…?!

Pourquoi le sous-titre « ma cabane au Canada »?  Parce que la production fut tournée à Montréal et que ça paraît, mais pas en bien!  Babylon A.D. fait seconde zone, série B et notre égo en prend un coup!  Ya pas de quoi être fier!!  Mais comme c’est la mode sur ce film, lançons la balle à l’autre et lavons-nous-en les mains!!  « Babylon A.D.?  ‘Connaît pas!!  Nous, on a fait 300, the Whole nine yards et the Score. » 

Une autre déception à rajouter à la liste du réalisateur français.  Qu’il retourne à sa cabane en France, se ressourcer!  Ya rien de pire qu’un Français qui veut faire Américain : les ficelles sont dix fois plus grosses et les clichés dix fois plus évidents.  Dur, dur d’être original!  2/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net