Critique de

BEOWULF/ LA LÉGENDE DE BEOWULF

Un héros sans peur et plein de reproches

Écoutez, je n’irai pas par quatre chemins : si le film de Robert Zemeckis (Forrest Gump; Cast away; Back to the future) n’était pas en 3D, je crois que l’enthousiasme régresserait de moitié! L’ayant vu à Imax Québec, j’avoue que je fus ébloui par l’entreprise technologique. Beowulf est un film popcorn dans sa plus pure tradition! Divertissant, travaillé, éclatant, magnifiquement interprétés (la distribution, en « motion capture » est, d’ailleurs, d’un saisissant réalisme!!), tout joue en faveur du héros viking.

De plus, le travail d’adaptation d’un des plus vieux poèmes anglo-saxons mérite le respect! Roger Avary et Neil Gaiman ont su garder l’univers machiste des Normands tout en le gratifiant d’une profondeur humaniste, le tout baignant dans la fantasmagorie bestiale du Valhalla (Grendel et son ogresse de mère, Misha, sont, disons, percutants!!) Alors pourquoi suis-je encore sceptique? Parce qu’une fois la technologie laissée de côté, la Légende de Beowulf est assez linéaire. Nous découvrons un peuple danois qui réclame un sauveur, car au prise avec un monstre adultère. Le-dit sauveur arrive, vainc et gagne le cœur des habitants; mérite le trône, trône (justement!) et livre une ultime bataille au seuil de sa vie! Voilà!! Plutôt simpliste, n’est-ce pas?!

Évidemment, nous avons eu droit au savoir-faire de Zemeckis à ce qui attrait au divertissement. Les plans du réalisateur sont vifs, aboutis, cinématographiques, quoi!! Les temps morts sont peu nombreux et celles-ci sont porteuses de messages sous-entendus (la scène entre le roi Hrothgar, joué avec bonhomie par Anthony Hopkins, et Beowulf alias Ray Winston, après le meurtre de l’ogresse, est délicieuse!) Tout comme le travail des artisans de Gentle Giants studios et Sony pictures Imageworks qui ont créé un monde réaliste, empreint d’ombres et de lumières, comme si le ciel allait tomber sur la tête des guerriers à tout moment. L’urgence de vivre se fait sentir dans chaque plan.

Quant aux comédiens, Ray Winston interprète un héros réfléchi, sans faille (mettons! Aucun punch à vendre, merci!!) et tout ce qu’il y a de viril. Le type même du film d’action. D’ailleurs, il a sûrement dû remercier l’équipe technique pour le régime athénien virtuel!! Quel corps d’athlète! En fait, toute la distribution est exemplaire et de première qualité (Hopkins, Angelina Jolie, Robin Wright Penn, John Malkovich, Crispin Glover, Brendan Gleeson, …)

Finalement, la Légende de Beowulf a du « timing »! Novembre, le mois le plus terne de l’année, n’avait pas grand-chose à nous offrir côté divertissement. Et voilà t’y pas qu’un film à gros budget, d’action de surcroît, étalant les valeurs masculines les plus rudimentaires et animales vient nous égayer les yeux de ses gros sabots informatiques. Peut-être devrais-je le voir dans un cinéma conventionnel pour avoir une véritable idée du contenu même, car rappelez-vous les expériences 3D du début des années ’80 (Jaws III, Friday the 13th III, etc.) Pas concluant comme productions, intellectuellement parlant, n’est-ce pas?!! Bah! J’me plains tout le temps, le film se regarde bien!

N.B. : En passant, Beowulf est un film d’une extrême violence, célébrant les vertus vikings, reconstitution historique oblige!! Mais une certaine retenue quant à Grendel n’aurait pas été de trop! Une tête comme amuse-gueule, tant qu’à moi….!!! Yishhhhh!! 3.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net