BLADE RUNNER 2049
Paresse
Haha! J’ai sûrement choqué certains d’entre vous, n’est-ce pas? Mais n’ayez crainte, je ne faisais aucunement référence au passionné travail des artistes ayant surmonté l’impensable défi de tourner une suite au film culte de 1982. Non, je décrivais mon attitude suite à la sortie du film de Denis Villeneuve…. Hey?! Vous vous rendez bien compte que j’ai mis dans le même paragraphe Blade runner et Denis Villeneuve? Ya un tas de cinéastes très compétents qui auraient mis à feu et à sang Hollywood pour avoir le privilège de réaliser une des suites les plus attendues de ces trente dernières années (ce qui n’aurait pas été une mauvaise chose, constatant le nombre de cochonneries qui en sort, mais bon, c’est un autre dossier!!!)
Mais c’est un Québécois sur qui s’est arrêté le choix de Ridley Scott (étant trop pris par le tournage de Alien : Covenant. Bien nous en fasse, à voir le résultat de cette dernière production, lire critique). Bien entendu, tourner un tel ouvrage peut être terriblement casse-gueule, mais il faut aussi mentionner que Blade runner n’est pas qu’un simple film de science-fiction. C’est une œuvre phare dans le domaine, une référence, un point tournant dans le Septième, une production au-delà de son temps et les artistes adeptes de l’œuvre de Scott savent tout le poids, toute la profondeur, toute l’essence qui a transpiré depuis. Quand on regarde le produit fini du cinéaste québécois, on voit un immense respect au passé, mais aussi une témérité dans l’évolution de cet univers sombre, teinté d’obscurs passages philosophico-ésotériques. Ce qu’un amoureux de Blade runner se devait de faire! L’autre bon coup de Scott et du producteur feu-Bud Yorkin fut de convaincre Hampton Fancher de revenir à l’écriture. On sent que ce dernier connait l’œuvre de l’auteur Philip K. Dick, Do androids dream of electric sheep?, mais il faut aussi mentionner que la suite est en grande partie une histoire originale, basée sur le roman. Aidé du scénariste Michael Green, Fancher a su pondre d’un récit cohérent, respectant son travail originel, tout en nous offrant de nouveaux personnages bien développés dans un futur tout aussi tordu que celui de 2019 (dont l’action prenait place). Mon bémol concernant l’histoire est qu’elle est plus superficielle que l’originale, soit une enquête policière qui implique politique et conglomérat. Un thème à la mode… Mais Fancher et Green manipulent bien les mots et Villeneuve, les images, mettons!!!
Pour les aficionados, ces trente années de délai servent bien le film, car la technologie artistique a bien avancé depuis 1982. Les artisans nous caressent les yeux dans le moindre détail, les effets spéciaux étant superbement intégrés à l’histoire, devenant, tout comme le premier, un rôle en soi. On assiste, grâce au directeur photo Roger Deakins, à des tableaux d’une grande beauté. Et, contrairement au premier, la luminosité a une place de choix. Autant Blade runner était sombre, « downant », mystérieux, autant 2049 est lumineux, éclairé. Blade runner 2049 est le yang de sa consœur et réussi à la complémenter. Deakins aura une nomination aux prochains Academy awards, j’vous en passe un papier!!
Un autre bonbon aux fans fut de respecter la temporalité des personnages et d’inclure un des rôles marquants du vénérable acteur Harrison Ford : Rick Deckard. Par contre, ce rôle ici sert surtout de boni, car en soi, le personnage n’amène guère au déroulement du récit. Il amène certes des questionnements et « éclaircit » l’enquête, mais cet aparté aurait bien pu être expliqué autrement. Mais je vous mentirais si j’écrivais que je n’avais pas hâte de voir apparaitre Ford aux côtés de Gosling. D’ailleurs, la distribution est parfaite et Ryan Gosling fait plus qu’amende honorable. Son rôle de l’inspecteur K sera dans sa filmographie ce que fut Deckard pour Ford (quoique ce dernier a quelques rôles plutôt louables, n’est-ce pas?!) Le jeune acteur parvient à humaniser son personnage sans tomber dans la caricature émotionnelle, tout comme l’avait fait Rutger Hauer en super vilain trente ans auparavant.
Bon, pourquoi « paresse »? Tout simplement parce que je manque de temps libre. Mais aussi par crainte. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de s’attaquer à une telle œuvre (surtout pour les artisans. Je ne suis qu’un simple critique amateur!!), mais je voulais resté objectif et donc, tentais d’avoir une discussion avec un maitre en la matière. Un amateur plus grand que nature de Blade runner. Mais je n’eus jamais la chance d’avoir les réflexions de Luc Archambault. Luc? J’espère avoir été digne de simplement écrire cette critique, tout comme je crois que Villeneuve a su relever le défi de créer une œuvre à part entière, distincte et intrinsèque au premier.
Grâce à Villeneuve et son équipe, Blader runner 2049 permet de redonner les lettres de noblesse à la science-fiction, trop souvent réduite à la simple « invasion extraterrestre ». Science et philosophie font de nouveau bon ménage! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net P.S. : Je viens de me lire et je trouve que j’aurais pu développer plus, mais dans un autre sens, BR 2049 recèle de tellement de petits plaisirs que je ne voulais trop en divulguer. Un digne successeur, ça c’est sûr! ReP. S. : Ça fait peut-être un certain temps que le film est sorti en salle, mais je suis absorbé depuis le début par la nouvelle trame sonore des compositeurs Benjamin Wallfisch et Hans Zimmer. Tout comme Villeneuve pour Scott, le duo a su respecter le travail de Vangelis, tout en se réappropriant ses thèmes phares. Délicieuse musique à nos oreilles. Vraiment!!!! Ben coudon? ‘Faut croire que je suis vendu?!??!! (Hihi, petits rires espiègles)