Critique de

THE BOURNE ULTIMATUM/ LA VENGEANCE DANS LA PEAU

Tasse-toi, James Bond! V’là Jason Bourne!!

Haletant, certes! Mais une fois l’excitation passée, qu’est-ce que le film de Paul Greengrass a à offrir? J’avoue qu’après réflexion, je suis un peu embêté! Non pas que je suis resté sur mon appétit, mais je m’attendais à plus de profondeur, étant donné que c’est la conclusion d’une saga d’espionnage enlevante du célèbre auteur Robert Ludlum. Connaissant de loin les œuvres de l’écrivain, les deux premières productions m’avait semblé humbles et respectueuses, mélangeant habilement suspense, drame, complots et action. De plus, la caméra de Greengrass (pour Bourne supremacy) était ancrée dans le présent avec intelligence, toujours à l’affût de la micro-seconde d’action réelle. Elle est toujours au rendez-vous dans Ultimatum, mais l’histoire, elle, semble laissée en plan!

Suite logique et complémentaire, ce troisième opus ne révèle rien d’extraordinaire sur le passé du héros, en tout cas rien qui aurait échappé au spectateur rusé. Les scènes d’action, très réussies d’ailleurs, priment trop sur la psychologie des personnages. Nous y trouvons donc des méchants dans le camp des gentils et des gentils trop curieux qui disparaissent rapidement. Le réalisateur a encore la touche, la faute revenant aux scénaristes Tony Gilroy, Scott Z. Burns et George Nolfi pour un survol pas assez approfondi du roman de Ludlum. Son travail (pour Gilroy) sur les précédents films fut honnête, mais on sent un petit laisser-aller, voire un abandon de sa part, l’action palliant certains trous informationnels dans l’adaptation. Ils font vite « 1 + 1 = 2 » pour rabouter les manquements. Évidemment, on entendra toujours des irréductibles défendant leur bébé avec la phrase magique : « Ce n’est jamais meilleur que le livre! » Et ils ont raison!! Par contre, à la défense des scénaristes, AUCUN film n’est à la hauteur de son livre. C’est deux médiums complètement distincts. Donc, pour en revenir à nos moutons, Bourne ultimatum est, en soi, un excellent divertissement, l’effervescence du film d’espionnage, avec tous les complots que le public mérite. Mais pour être un digne successeur et grand gagnant à la course à la vérité, on aurait été en droit d’avoir plus de chair autour de l’os.

J’aimerais vous raconter en détails l’histoire concluant la poursuite de l’amnésique agent Jason Bourne pour pouvoir vous expliquer mon point quant à la profondeur du récit, mais ce serait vous dévoiler trop de punchs, que, peut-être, certaines gens n’auraient pas deviner. Donc, en gros, Bourne cherche toujours sa véritable identité. Il est seul et il est poursuivi par la CIA, Interpol et des traîtres qui voient en lui une menace à l’État américain et au peuple en général. De fil en aiguille, en passant par Moscou, Madrid, Londres, Paris, New York et autres villes planétaires, tout en dégommant du vilain, la mémoire refait surface et lui indique le chemin vers sa porte de sortie. « Punchenettes » (petits punchs)!!!!

Bon, assez parlé du contenu, parlons de l’emballage! I-N-C-R-O-Y-A-B-L-E!! Ce n’est pas parce que je chiale depuis tantôt que je ne sais pas reconnaître un bon divertissement. Je suis comme ça, ça arrive que je me plaigne le ventre plein! Je cherche toujours la petite puce. Donc, Ultimatum est cousu serré, aucun temps mort ne se pointe la face, tout est « clean » et vernis!! C’est du bonbon pour les yeux. En fait, Greengrass et son équipe n’ont fait que terminer le travail déjà entamé sur le deuxième, reprenant leurs pinceaux, lumières, instruments de musique et autres explosifs! Quant à la distribution, elle est nickel et lourde d’expérience (Cox, Finney, Glenn, Considine, Strathairn)! Avec le scénario qu’ils avaient, ils ont livré des performances plus qu’honnêtes, à commencer par Matt Damon! Son rôle de super agent mêlé n’était pas des plus étoffé, mais il a su trouver la bonne dose d’émotions pour le rendre crédible et son jeu est excellent, dans les circonstances! Pareil pour Joan Allen qui joue la « providence » du héros, seul rôle féminin potable de la trilogie. Elle interprète un chef de sécurité nationale moins stoïque grâce à ses dons de comédienne.

Les fans, ne soyez pas fâchés! Je suis un perfectionniste! Je veux toujours plus, lorsque je sais que cela est possible. Avec Bourne identity et Bourne supremacy, on avait eu droit à de la « class », du gâteau. C’était donc normal d’être exigeant, non? J’ai vraiment apprécié l’aventure, mais………. En tout cas, ça se regarde terriblement bien quand même!! 3.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net