Critique de
CASINO ROYALE
Retour aux sources
Quand Daniel Craig a « gagné » la loterie James Bond, il y a un peu plus d’un an, j’étais sans voix! Daniel Craig? Mais c’est qui, lui? Tomb raider? Layer cake? Bien d’accord pour dire qu’il est un bon acteur, mais les souliers de James Bond sont très gros et très lourds à porter. Pis en plus, vite de même, c’n’est pas un Adonis!! 17 novembre 2006, 21h43 (13 minutes après les previews…!!), prologue en noir et blanc; scène de nuit à Prague, avec insertions de flashbacks du premier meurtre du futur « double zéro », je suis conquis!! Daniel Craig, alias James « Blond », relèvera le défi avec panache et virilité.
Le défi était d’autant plus grand que le public aimait beaucoup le précédent, Pierce Brosnan, qui alliait merveilleusement bien le machisme de Connery et la désinvolture de Moore. Craig rappelle beaucoup plus les premiers James Bond de l’Écossais Sean Connery : sûr, pratico-pratique, mâle, plus terre-à-terre. De plus, les histoires originales de l’auteur Ian Fleming ne fusent plus et les derniers films devenaient de plus en plus improbables. Le choix des producteurs Broccoli et Wilson de ramener l’espion 007 à la ligne de départ, quitte à balayer certains éléments des autres aventures, fut excellent. Pour rajouter à l’inquiétude des fans, la totalité des comédiens n’est pas très « payante », côté box-office : Eva Green, Mads Mikkelson (sinistre en Chiffre), Giancarlo Giannini, Jeffrey Wright (futur copain Félix)... Pas de quoi sauter au plafond, n’est-ce pas? Seule madame Judi Dench reprend son rôle de M. Et pour la réalisation, Martin Campbell n’est pas Tarantino (car il fut pressenti pour le 22e)….
J’ouvre une parenthèse : Casino royale EST le 22e film de l’espion 007. Qu’on le veuille ou non, Never say never again, d’Irvin Kershner, tourné sous la bannière Warner bros. en 1983, est un James Bond. Bon, ceci étant clarifié, reprenons nos moutons!
Campbell avait pris les rennes de Goldeneye comme petit nouveau, avec un petit nouveau en la personne de Brosnan et ils avaient réussi leur coup. Donc, pour Casino royale, c’est retour à la case départ pour Campbell, qui a encore réussi son coup! Il n’a pas une signature bien à lui, mais comme réalisateur de films d’action, il sait s’y prendre (Zorro 1et 2; Vertical limit) De plus, le choix de revenir à quelque chose de plus crédible, moins « techno » aide à humaniser le héros, à le ramener sur terre aux yeux du public. D’ailleurs, TOUTES les cascades sont plus « old school » et elles sont à couper le souffle, souffle qu’on ne reprendra pas de sitôt!
En fait, seules les scènes plus intimes avec Vesper Lyne (Green, correcte), la comptable du Trésor, sont sensiblement longuettes, mais utiles au passé de James. Elles nous permettent de comprendre la future froideur et l’impassibilité de l’espion en devenir. Car rappelons-nous que Casino royale est le premier roman de Fleming où apparaît Bond. Chapeau aux scénaristes Neal Purvis, Robert Wade et Paul Haggis (oui, oui, le Paul Haggis à Clint Eastwood et de Crash!!) qui ont retravaillé 007 sans le déconstruire complètement. L’histoire de Casino royale est un excellent prologue aux futures aventures du nouveau cru Daniel Craig!! Oubliez le parodique film de 1967, où l’action se concentrait sur la partie de cartes ET sur les multiples personnages. Le vrai roman est plus que cela! Outre l’entrée en matière (où James devient double zéro), il y a la bévue en Afrique; la recherche de contacts aux Bahamas; l’incident de Miami; LA partie de cartes à Montenegro et les révélations de Venise. « Ya du stock, les amis!! » Et c’est tant mieux pour l’amateur que je suis et que je vous souhaite être et/ou devenir, car vous ne devez pas manquer les premiers pas de Craig, il est si mignon en smocking taché de sang ou sur une grue, à une centaine de mètres du sol, à courir après un véritable « singe » (non péjoratif!!)…
Alors, oui! Je change mon fusil d’épaule (vous comprendrez!) et je lève mon verre de « Martini dry shaked, not stirred » à la nouvelle mouture 007. Défi gagné avec intelligence, jugement et force. Laissons le temps faire son œuvre, mais Casino royale fera partie des meilleurs Bond, aux côtés de Goldfinger, From Russia with love et the Man with the golden gun…
Surprenant!! 4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net