DJANGO UNCHAINED/DJANGO DÉCHAÎNÉ
Quentin aussi
Il le dit à tout le monde. Il aime le cinéma, surtout les vieux classiques (et tous les autres productions obscures, d’ailleurs!) Cette fois-ci, Quentin met à profit sa culture au service du western. Mais entre ses mains agiles, le genre prend une tangente, ma foi, éclatée. Évidemment…
Après Inglorious basterds, qui revisitait le film historique (et la Deuxième Guerre Mondiale. Lire archives critiques), Quentin se sent las et croit qu’il a fait le tour du sujet cinéma (Euh…???????????????????) Mais il aime trop son métier et veut rendre un dernier hommage à un style qui l’a nourri: le western « spaghetti », celui de Sergio Leone, de Tonino Valerii, Sergio Sollima et Sergio Corbucci (Coudonc?! Tous les cinéastes italiens s’appellent « Sergio »??!!) Bien entendu, il fut aussi bercer par des auteurs tels John Ford, John Sturges, Fred Zinnemann, George Roy Hill, … Le « western » était surtout un « american way of life »!
Mais Quentin n’est pas homme à faire dans la simplicité, ni la sobriété. Il aime toucher les consciences, les ébranler. CHOQUER. Comme il l’a si bien dit en entrevue : « Les Allemands sont capables d’introspection sur leur Histoire. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même? » (Je paraphrase.) Il s’attaque donc à une page peu éloquente des États-Unis d’Amérique, l’esclavage peu avant la Guerre de Sécession (1861-1865). Il écrit donc la quête de Django (Jamie Foxx), un esclave affranchi par un dentiste-chasseur-de-prime-allemand (Christoph Waltz), pour retrouver et libérer sa belle (Kerry Washington) des mains d’un richissime Sudiste (Leonardo DiCaprio). Pendant près de trois heures, Quentin nous fait balader, au gré de savoureuses répliques, à travers l’Amérique profonde et montre, à coups d’hémoglobine, une page sombre de l’Histoire américaine.
Car Quentin se fait aussi éloquent par l’image. Ses textes touchent la cible plus d’une fois, mais les balles tout autant! On n’est pas dans un vieux classique de Leone ou Ford, où un fusil sonnait la conserve et son projectile faisait une petite tache rouge sur une chemise blanche. Non! Les colts et les carabines, dans le film de Quentin, explosent littéralement ceux qui se trouvent sur leurs chemins. Tout comme la dynamite, que Quentin a testée, HAHAHHAHAHA!!!!!! Dans la dernière demi-heure, les protagonistes font des Pollock d’eux-mêmes et peinturent tous les murs de la luxueuse demeure du vilain « pas fin ».
Mais Quentin sait doser, en tout cas un peu, et sait choisir les acteurs qui sauront rendre justice à son histoire et donner du corps à des lignes « tarantinesques ». Jamie Foxx, dans la peau de Django l’esclave devenu chasseur de prime, amène une bonne dose de rage à son personnage et limite juste assez ses pulsions pour rendre crédible ce tourtereau vengeur. Leonardo DiCaprio joue les « pas gentils », rôle qui, de mémoire, n’a jamais fait partie de sa filmographie, préférant les têtes d’affiche un peu poseur (quoiqu’il les joue bien, ses « poses »!). Son Calvin Candie semble l’avoir beaucoup amusé et ça se ressent sur le grand écran. Mais la palme revient à Christoph Waltz, dont le personnage de dentiste chasseur de têtes n’était pas envisagé dans la première mouture du scénario de Quentin. Mais Quentin, suite à la superbe et oscarisée performance de l’Allemand dans son précédent film, lui a confectionné un rôle à sa mesure. Et Christoph, lui, fait honneur au bonbon du réalisateur-scénariste! Le merveilleux mélange de désinvolture, de hargne renfloué, de bienséance exacerbée dont l’acteur s’acquitte surclasse les performances de ses potes comédiens. Mais ne les étouffe pas! Django unchained n’est pas un « one man show » (sauf pour Quentin!) et Christoph sait se faire petit quand il se faut. Et qu’écrire du méconnaissable et détestable Samuel L. Jackson en valet vieillissant pourri jusqu’à l’os? Ses retrouvailles avec Quentin sont délectables et les deux s’en sont donnés à cœur joie… (Il y a aussi Don Johnson, Jonah Hill, Bruce Dern, James Remar, James Russo, Amber Tamblyn, Zoe Bell, Tom Savini, Michael Parks, Robert Carradine et j’oublie des caméos… Dont Franco Nero qui personnifia le premier Django en 1966. Comme quoi, Quentin aime nous faire plaisir!)
Django unchained est du pur sucre en poudre qui acidule magnifiquement ce temps des fêtes (héhé!) et qui termine en beauté une année peu prolifique côté productions de marque. Un dernier cadeau de la part de Quentin? Ben voyons………. 4/5 (et je me retiens) par François Gauthier cinemascope@deltar.net