Critique de
DREAMGIRLS
Suprême?
D’entrée de jeu, je n’étais pas chaud à l’idée d’aller voir une comédie musicale, mes antécédents parlant par expérience (comme s’endormir sur Chicago, par exemple!) Mais la curiosité a prit le dessus et elle ne me la pas fait regretter! P.S. : Je ne suis pas un « gambler », je joue souvent assis et dans le cas présent, mes atouts étaient Jamie Foxx, Bill Condon et l’histoire (pseudo-)biographique des Supremes. Donc, je gagnais sur plusieurs points!
Le film est adapté du succès musical de Broadway. C’est l’histoire romancé du groupe motown the Supremes, nommé pour les besoins du film the Dreamgirls. Nous découvrons leur ascension dans les années ‘50, leurs tribulations amoureuses et professionnelles et enfin, leur séparation dans les années ’80.
Si nous avons eu la chance de voir sur grand écran la vie des Dreamgirls, c’est que Diana Ross (chanteuse des Supremes) n’y voyait pas d’inconvénient, étant dépeinte comme une bonne fille, victime de son « René Angélil » de mari!! Aucune poursuite en attente! Mais le véritable intérêt de ce film linéaire, bien monté et chorégraphié, sont deux acteurs de soutien : l’inénarrable Eddie Murphy et la nouvelle venue Jennifer Hudson. Pour Murphy, la surprise vient du fait qu’il réussit, malgré ses éternelles mimiques, à construire à partir d’un personnage excentrique et narcissique, un être attachant, fragile et posé. Il personnifie un roi de la soul, à mi-chemin entre Sammy Davis jr. et James Brown. Son jeu respire la fraîcheur et il semble avoir eu beaucoup de plaisir à chanter les années ’60!! Tout comme John Travolta dans Pulp fiction, s’il fait les bons choix, Murphy aura un second souffle (il doit présentement se mordre les doigts avec Norbit!!!!) Pour ce qui est de Hudson, elle éclipse complètement la performance de Beyoncé Knowles (tout de même bonne!) en jouant les seconds violons à tête dure, caractérielle et « trop » indépendante! Sa voix est puissante, imprégnante et chaleureuse. Refusée au show télévisé American idol pour faute de « beaucoup de talent » pour l’émission, elle explose sur grand écran. Elle est la preuve, comme les jeunesses inexpérimentées qu’étaient les Supremes, que la foi et la persévérance peuvent mener loin. Ces deux comédiens sont le film (avec la musique, bien entendu!)
Évidemment, une comédie musicale ne serait rien sans des numéros musicaux (hé!) et Dreamgirls en est saturé (j’ai eu mon lot pour les trente prochaines années!!) Par contre, j’admets que c’était entraînant, vivant et souvent judicieux. Le rythme n’était jamais cassé par le numéro, car Condon et son équipe ont réussit à passer les chansons comme un prolongement de l’action, toujours approprié au moment. Comme je l’ai écrit plus haut, le film reste quand même simple dans sa facture scénaristique, suivant les « meudames » de leur jeune âge jusqu’à la réconciliation. Mais la facture visuelle rachète la facilité textuelle! Toute la direction artistique est à féliciter (costumes, décor, éclairage, coiffure…) En fait, la reconstitution des années ’50 et ’60 est superbe, voire suprême (Ha! Ha! Euh! ‘Scusez!) Bill Condon (Kinsey, Gods and monsters) a eu l’intelligence de s’entourer de professionnels dans le domaine musical et lui, grâce à son expérience d’adaptation biographique, a fait le reste du travail. Et quel travail! Même si le mérite revient un peu, beaucoup aux artisans Henry Krieger et Tom Eyen du Broadway show, Condon a su amené cette profondeur psychologique qu’un groupe de musique n’a, aux premiers abords, pas la chance de démontrer!
Finalement, Dreamgirls est un très bon divertissement, pas suprêmement bon, mais... Au moins, je n’ai pas eu envie de dormir!! 3.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net