Critique de

EDGE OF TOMORROW/UN JOUR SANS LENDEMAIN
Le jour de la marmite

Malgré l’impression de déjà-vu (les références sont nombreuses, à commencer par « vous-savez-quoi » avec Bill Murray et aussi la Matrice), Edge of tomorrow est un bon divertissement de science-fiction qui démarre sur les chapeaux de roue et qui ne s’empêtre que peu avec les sentiments du protagoniste principal, même si les scénaristes Christopher McQuarrie, Jez Butterworth et John-Henry Butterworth, (d’après le roman du Japonais Hiroshi Sakurazaka) ont tenté d’insuffler un semblant de bluette avec le rôle féminin (défendue intensément par Emily Blunt).  Ça brasse jusqu’à la fin, finale qui laisse un peu perplexe, mais honnête.  C’est Hollywood, après tout!

L’Humanité est à l’aube de l’extermination suite à une invasion extra-terrestre, mais les Humains, ayant remporté une victoire contre celles-ci, se lancent dans une grande offensive pour les éliminer pour de bon.  Le soldat déserteur William Cage (Tom Cruise, plastique) est lancé dans la grande bataille et rencontre son destin :  revivre le jour J.  Se faisant, il tentera de sauver le Monde de sa funeste destiné et finira par connaître la vérité sur son sort temporel. 

Edge of tomorrow mérite d’être vu pour ce qu’il est vraiment :  un divertissement.  Réussi, de surcroît.  Malgré l’histoire simple, le cinéaste Doug Liman (Mr. & Mrs. Smith;  Bourne identity; Fair game) a fait un travail de moine avec le montage, distillant les mêmes 24 heures avec intelligence, l’information étant donné au compte-goutte.  Même l’humour est au rendez-vous, les morts du personnage principal servant d’épanchement à la surdose d’adrénaline que la bataille avec les Martiens implique.  Liman tourne souvent la même scène sous un angle différent, permettant au spectateur de chercher la nouveauté et même le doute sur la réelle véracité de cette réalité.  « Est-ce la première fois? »  « Fait-il semblant? »  « Ment-il pour créer un malaise? »  Ce jeu de faux-semblant permet à Edge… de se distinguer quelque peu des autres productions sur le genre spatio-temporel.  Si on fait fi de l’épilogue (dont j’ai soutiré mes propres conclusions sans problème.  À vous de chercher vos propres réponses…), Edge of tomorrow reste d’une logique implacable, ne perdant jamais le fil de son récit, avançant inexorablement vers la finale obligée heureuse, Tom Cruise oblige (Ben quoi?  Nommez-moi une production de l’acteur finissant mal, hein?  Allez…!??!  Ben, c’est ça…)

De toute façon, ce n’est pas tant la finale qui intéresse que le contenu ET le contenant.  Dans la marmite que nous offre Liman, tout y est léché (surtout au niveau des effets spéciaux et de la trame narrative) et la distribution, orchestrée par M. Scientologie, s’acquitte de sa tâche unidimensionnelle avec conviction.  J’admets que Cruise commence à me tomber un peu sur les nerfs avec ses trois-quatre mimiques habituelles.  Mais ‘faut que je lui donne, il choisit bien ses projets.  Tous les ingrédients (sans oublier la musique de Christopher Beck, aux teintes électro) s’harmonisent pour permettre la sauce de ne pas coller au fond.  Ça goûte comme d’hab, mais avec ce petit quelque chose d’indéfinissable qui rehausse l’ensemble.  J’en suis sorti rassasié, même que je pourrais écrire pas déçu du tout, car les previews m’avaient donné l’eau à la bouche et la barre que je mets souvent haute fut juste atteinte.  Edge of tomorrow est un très bon film de science-fiction.  J’ose le 4/5!!  En tout cas, le 3.5/5 sûr…  Par François Gauthier cinemascope@deltar.net