Critique de

THE GOLDEN COMPASS/À LA CROISÉE DES MONDES : LA BOUSSOLE D’OR

« Swamp »tueux!

Sans dire que the Golden compass pêche par excès, il fait quand même dans le clinquant et malheureusement, dans la redite! Mais avant toute chose, remédions à des commérages plus ou moins fondés : que l’auteur Philip Pullman est voulu dépeindre un monde sous un joug totalitariste ne revient pas à nécessairement dire qu’il critiquait la société contemporaine et la religion catholique. Que certaines gens se soient senties visées et attaquées prouvent que l’auteur touche à des cordes sensibles et que ces gens ont peut-être des squelettes dans le placard? Non? En tout cas, pour ceux, comme moi, qui ont plutôt prisé l’idée d’une critique sociale dans l’œuvre de À la croisée des mondes, ne seront pas déçus du contenu romanesque, quoique rachitique, adapté par Chris Weitz. Et tout le problème réside là!

À trop vouloir époustoufler par le contenant, l’idée de base est enlisée et, peu à peu, perdue dans les méandres d’effets visuels et de rafistolages scénaristiques, autant dire « les coins ronds »! Un vrai marécage! Les artisans ont tellement voulu rester fidèle à l’univers inventif de Pullman qu’ils en ont oublié l’essentiel : la naïveté de l’enfance. Le drôle de dosage entre action, fantastique et comédie laisse de marbre celui qui tente de s’introduire dans l’univers cinématographique du réalisateur Chris Weitz. Peut-être était-ce une trop lourde charge qu’imposaient les producteurs Weinstein à l’artisan de American pie et About a boy? Surtout qu’à l’époque du tournage, les Weinstein étaient toujours en litige avec Peter Jackson et les redevances du premier Seigneur des anneaux (En passant, tout est maintenant réglé et Bilbo le hobbit verra le jour, seulement produit par Jackson. Triste!) Ils tentaient donc un doublé avec une autre série fantasmagorique, à grands coups de 150 millions de dollars.

Mais the Golden compass ne remplit qu’à moitié les attentes. Certes, le rendu visuel est superbe, l’imaginaire faisant encore des siennes, mais au nombre de films faisant dans le genre « potterien » et « anneau », celui-ci manque de profondeur. Tout est trop facile pour la jeune héroïne! Lyra Belacqua (la jeune nouvelle Dakota Blue Richards) vit dans un monde parallèle au nôtre, avec quelques différences, comme un daemon animale la suivant (une sorte d’âme sœur!), des nounours blancs guerriers et des sorcières flottants un peu partout. En voulant retrouver un ami enlevé, elle découvre un complot interplanétaire dont elle seule peut sauver la mise, grâce au dernier alethiomètre, une boussole qui indique la vérité, qu’elle manipule comme une salière. Rien que ça! Entre-temps, elle se fait des alliés et retrouve des parents. Dites « Cheese »!!!

Tous les comédiens semblent perdus dans cette aventure, travaillant à l’aveuglette et chacun de leur côté (Nicole Kidman est plastique et Daniel Craig est errant). Ce n’est pas drôle à dire, mais la meilleure performance vient de l’ours alcoolique Iorek Byrnison, roi déchu du Pôle Nord, personnifié vocalement par sir Ian McKellen.

C’est trop peu, trop tard pour la Boussole d’or, le public a déjà vu!! S’ils n’avaient pas eu peur d’être un petit peu plus fastidieux avec le contenu et ne pas penser que l’auditoire était, disons, obtus (des films de 2h30 passés, comme Harry Potter, on peut en prendre!! Moins de 2 heures? Beuh! Ça manque d’info, leur film!!), peut-être que le succès aurait suivi. Mais la plasticité du produit nous empêche d’y pénétrer pleinement. Malheureux… 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net