Critique de

HELLBOY II : THE GOLDEN ARMY/HELLBOY II, L’ARMÉE D’OR

Welcome to Hell… Toro!!

On ne vient pas à bout si facilement de Guillermo del Toro!  Les embûches se sont dressées devant lui pour contrer la réalisation de la suite des aventures de Hellboy.  Premièrement, la réception tiède du public en 2004.  Ensuite, l’abandon de la franchise par Columbia suite à l’accueil reçu.  Enfin, le désintérêt des autres compagnies de production face au projet.  Mais c’était sans compter sur le talent, l’imagination et la persévérance du réalisateur espagnol par le biais d’une autre production :  el Labyrinto del fauno (le Labyrinthe de Pan).  Acclamé par la critique, couronné dans plusieurs festivals (dont trois oscars aux Academy awards) et accueilli chaleureusement par le public, Pan ouvrira toutes grandes les portes d’un futur financement au diable rouge.  C’est finalement Universal studios qui gagnera la loterie Hellboy (et sa possible troisième suite, car del Toro veut continuer d’approfondir son héros) pour notre plus grand plaisir! 

Grâce au réalisateur, un autre créateur se frotte les mains d’aise, Mike Mignola, son bébé ayant enfin toute l’attention et le respect qu’il mérite.  Car la collaboration entre le dessinateur et del Toro va plus loin que la simple adaptation, elle transcende la limite entre le 7e et le 9e art, le réalisateur amenant son imaginaire à celui de Mignola et l’approfondissant avec goût.  Bien entendu, pour le néophyte, Hellboy n’est rien de plus qu’un autre superhéros, fils du Diable de surcroît!  Pour le connaisseur, c’est un nouvel univers qui se matérialise enfin en images, un peu comme l’ont fait Frank Miller et Robert Rodriguez avec Sin city.  Sans toutefois trop pencher vers un genre plus qu’un autre, Hellboy reste avant tout un film d’action fantaisiste.  Par contre, avec la venue du nouvel opus, maintenant que les bases sont jetées, del Toro et Mignola peuvent élaborer l’entourage de Big Red!  D’ailleurs, c’set une lacune que j’ai à partager avec vous, cette recherche d’un monde parallèle.  Non pas qu’elle soit non nécessaire ou inintéressante, mais à trop vouloir en montrer, l’information est plus difficile à capturer, car trop précipitée.  Le flux ininterrompu de personnages secondaires et tertiaires est tellement rapide qu’on en perd notre latin.  Évidemment, prêchant pour ma paroisse (et celle du duo créateur!), je dirai qu’ils ne nous prennent pas pour des nouilles et qu’il est tout à fait naturel de présenter ce nouvel environnement de cette façon, pour créer un effet de « normalité », d’ordinaire singularité. 

Pour ce qui est de l’histoire en soi, je lève encore une fois mon chapeau aux deux artistes.  Au lieu de privilégier que de l’action, ils ont travaillé sur plusieurs fronts, dont la relation houleuse entre Hellboy et Liz, la naissante idylle entre Abe Sapien et la princesse elfique, le besoin de reconnaissance et d’acceptation du héros face aux humains, le dilemme de celui-ci de choisir entre deux mondes, le tout agrémenter d’un humour sarcastique et d’horreur non voilé.  Ils ont fait le film qu’ils désiraient, sans compromis!  Nous retrouvons donc Hellboy (toujours excellent Ron Perlman) et sa gang en train d’investiguer sur la mort d’acheteurs d’artéfacts, pour ensuite découvrir qu’un prince Elfe déchu (Luke Goss)  veut l’annihilation de la race humaine grâce à la reconstitution d’une couronne contrôlant une armée d’or indestructible.  « Sweeeeet »!!!!!

Malgré un montage quelque peu serré dans « l’autre monde », comme je l’ai mentionné plus haut, reste que Hellboy 2 est une suite intelligente et vibrante, demandant sans cesse notre attention, mais sans jamais trop souligner l’information.  De plus, l’univers du diable rouge s’est allégé, autant visuellement que cérébralement, l’éclairage étant moins sombre et le scénario  plus « accessible », mélangeant quiproquos et farces, sans délaisser un effet gore, cher au réalisateur (les petits « anges piranhas » étant un exemple parfait de dosage cité!)

Quant au casting, l’ajout de la fratrie elfique respectueuse de la Terre et du savant fantomatique, épine au pied de Big Red, sont de superbes idées et d’excellents complémentaires au récit.  Tous les comédiens, sans exception, sont convaincants et convaincus, jouant leur rôle avec un réel plaisir, ce qui affecte le spectateur agréablement.  Mention spéciale à Doug Jones qui interprète Abe Sapien avec plus d’aplomb, grâce à un rajout psychologique plus substantiel de la part du scénariste. 

Hellboy II: the golden army est un film qu’il ne faut pas manquer, à moins d’avoir détesté le premier!  C’est une production complète, mêlant action pure, humour noir, psychologie 101, direction artistique sans faille, acteurs en grande forme et récit apocalyptique.  Le parfait dosage estival, qui saura rejoindre l’amateur de fantastique et celui du drame.  Exquis!  Bienvenue en Enfer…  Ha!  Ha!  Ha!  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net