Critique de
I AM LEGEND/JE SUIS UNE LÉGENDE
Pas sûr…
Encore un dilemme! Je ne sais pas comment me positionner face à cette troisième visite du roman de Richard Matheson, écrit dans les années ’50 (après Last man on Earth, en 1964, et Omega man, en 1971)!! J’avoue honnêtement être pas mal écoeuré des films de zombies et de ces autres bibittes apparentes. Il n’y a que très rarement du neuf à soutirer de ce genre de productions. Par contre, dans le film de Francis Lawrence (Constantine), une chose ressort du lot, outre l’incroyable performance de Will Smith, c’est New York! New York comme elle ne nous a jamais été montré. Déserte, sinistre, vide! Et c’est pourquoi j’ai plus ou moins aimé I am legend.
Car une fois New York vue sous plusieurs angles, avec la nature reprenant ses droits, les animaux regagnant des frontières perdues, le film s’essouffle rapidement. En fait, la tension que Lawrence, avec l’aide des scénaristes chevronnés Mark Protosevich et Akiva Goldsman, ont installé tout au long de la première partie, est totalement annihilé avec l’apparition des mutants. Comme c’est souvent le cas, une fois la surprise faite, le fun s’évanouit! Voir Smith déambuler dans les rues, accompagné de sa chienne, et parler à des mannequins; pister des chevreuils en corvette; faire une routine quotidienne stricte et chronométrée; toutes ces séquences sont autant de moments forts qui élèvent I am legend au-dessus du simple film de zombies. D’ailleurs, il faut accepter un gros coup du sort pour pleinement savourer cette première partie et pouvoir avaler la pilule de la seconde : Smith est un scientifique immunisé contre le virus qu’il a créé avec ses collègues, le seul capable d’enrayer l’épidémie. Bon, une fois le constat des-gros-sabots fait, le voir étudier des spécimens humains avec détachement, est un autre bon point pour le film.
Mais voilà, ce n’est pas assez pour amener I am legend dans la légende, justement! Les fameux zombies sont tellement numérisés et plutôt pathétiques, qu’on décroche à leur vue. Lawrence, Goldsman et Protosevich sont tombés dans le panneau de la démonstration gratuite. Nous montrer à outrance leurs bibittes détend le fil qu’ils avaient tendu plusieurs minutes auparavant. Un piège qui semble plutôt difficile à éviter à Hollywood! Quel est ce besoin de s’afficher autant? C’était justement la force des premiers instants de I am legend, seuls les bruits ambiants, une musique atmosphérique (de James Newton Howard), le jeu convaincu de Will Smith, tous ces éléments respectés jusqu’à la fin auraient propulsé cette troisième adaptation au top des films du genre « je bouffe du prochain au déjeuner »!
Parlant de Smith, il démontre une fois de plus qu’il fait partie d’une classe à part. Sa performance est indéniablement une des meilleures qu’il nous ait gratifié ces dernières années. Même si la comparaison avec Tom Hanks et le ballon Wilson, de Cast away, n’est pas loin, il prouve qu’il fait partie des grands du septième (tout comme Hanks, d’ailleurs!) La perte tragique de son compagnon canin est un superbe exemple de talent inné. Tout comme le « flirt » avec la mannequin, prouvant que la folie n’est pas loin chez le scientifique.
Quant au travail de Lawrence, force est d’admettre qu’il a un œil attentif à la lumière et aussi à l’écoute de son comédien (quoiqu’on le serait à moins, Smith étant assez puissant dans le monde du cinéma!) Sa caméra peut être vive et langoureuse à la fois; ses travellings sont « cleans » et précis; et le montage est serré, dévoilant rapidement des punchs inattendus…
I am legend, c’est la « class » des films de mutants. Malheureusement, malgré la nouveauté d’un New York apocalyptique, on a déjà vu!! Dommage! 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net