Critique de

THE ILLUSIONIST/L’ILLUSIONNISTE
Est-ce une arnaque?!

Honnêtement, rien ne m’attirait vers cette bleuette post-XIXe, où un gars mystérieux retrouve une idylle de jeunesse prise dans les griffes du futur roi d’Autriche.  Triangle amoureux?  Selon les prémisses du synopsis, oui! Mais vous connaissez les femmes, quand elles ont une idée en tête, tous les moyens sont bons…  La mienne n’est plus subtile!  Donc, direction la bleuette!  Résultat deux heures plus tard?  Surprise et mécontentement. Surpris, car le propos et le rendu du réalisateur Neil Burger sont plus que satisfaisants (l’adaptation de la nouvelle de Steven Millhauser et la
transposition de l’époque sont honnêtes et « classiques »).  Mais mécontentement, car l’histoire amoureuse est machiavéliquement subversive.
 

Début du XXe siècle, Autriche…  STOP! « Rewind » Fin XIXe, deux enfants se découvrent une attirance mutuelle, mais leur classe respective les empêchent d’épanouir leur amour au Grand jour.  Donc, reprenons :  Début XXe, en
Autriche, le grand Eisenheim (posé Edward Norton) vient faire ses tours de magie en ville et époustoufle le tout-Vienne.  Un soir de représentation, le prince Léopold (Rufus Sewell) « prête » sa fiancée (Jessica Biel) aux planches de l’illusionniste, qui, lui, reconnaît son amour de jeunesse.  Il n’en faut pas plus pour reprendre le temps perdu, toujours à l’insu des yeux voyeurs.  Mais le prince a la main longue et lance son limier, l’inspecteur-chef Uhl (excellent Paul Giamatti) pour découvre les trucs du magicien ET les manigances extra-conjugales de madame.  Un drame survient, le prince interdit les représentations et le peuple s’irrite.  Le dénouement est (évidemment) heureux, mais pour qui?!  (Ha! Ha!  Pas de punch, tsé!)

 

Ce qui m’inquiète, c’est l’histoire au troisième niveau!  Difficile de vous raconter mon point sans voler de punch, mais je dirais que l’amour des tourtereaux met la vie de plusieurs personnes en danger.  Mais ça, le scénariste passe outre et signe.  Parce que c’est un amour impossible, donc intéressant, tous les moyens sont bons pour atteindre le public, même si cela va à l’encontre d’une idéologie collective, surtout en ce qui concerne les personnages de Uhl et de Léopold, les dindons de la farce.  L’idée d’une révolution contre la monarchie fait sourire, car c’est toujours bien vue du public moyen (dont je fais partie), mais les moyens utilisés sont inadéquats.  D’ailleurs, le concept n’est que prétexte pour arriver aux fins des protagonistes principaux, c’est-à-dire les retrouvailles et un punch final (que l’on devine!)  Mais si on se laisse prendre au jeu, l’ensemble de l’IIlusionniste fait un bon travail et le dénouement final touche sa cible.
 

En fait, si on fait fi de LA subversion, Burger a fait un travail de grande classe à tous les niveaux (costumes; décors; musique de Philip Glass; acteurs), le genre de travail que l’Académie aime.  Et lisez bien ces lignes, je ne serais pas surpris de voir à la fin du mois de janvier 2007, quelques nominations au tableau du film, voire même une statuette pour le second violon Giamatti (qui a déjà regardé passer le train deux fois en deux ans)  Et ce ne serait pas un prix de consolation, mais vraiment mérité! 
 

L’Ilusionniste est un bonbon classique, bien enrobé et divertissant.  Mais selon moi, le film  est quelque peu dangereux, car il véhicule l’idée d’une « fin-qui-justifie-les-moyens » trop camouflée par des idéaux sirupeux. Mais la mise est sauve, car un des deux personnages s’en sort indemne (Toujours pas de révélations de ma part, franchement, car une fois l’avertissement passé, le film mérite tout de même d’être vu!)  3.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net