INCEPTION/ORIGINE
Un rêve!... Dans un rêve dans un rêve dans un rêve…
« We’re not worthy! » (Vous rappelez-vous? C’était dans Wayne’s world) et ils avaient raison! Pourtant, mes appréhensions face à la production qui allait succéder à the Dark knight était grandes, très grandes. Sans réussir à dépasser les attentes, le nouveau bébé de Christopher Nolan fait ce qu’il doit, c’est-à-dire l’égaler (Inception joue sur un autre registre, donc indulgence ici!) Depuis que j’ai mis deux de mes passions, l’écriture et le cinéma, à votre service (cela fait maintenant près de 6-7 ans que je sévis), rares sont les films qui m’ont vraiment renversé, intrigué et/ou subjugué. Bon, l’exercice n’est pas d’en faire l’élaboration, mais de voir avec vous qu’un homme, un seul, ai réussi à s’imposer dans ma liste personnelle avec (au moins) DEUX productions. J’admets que le terme que je vais utiliser puisse être lourd à porter, mais… On assiste à l’émergence d’un génie du cinéma. Un maître est né! En moins d’une décennie, avec seulement six productions (Memento, Insomnia, the Prestige, Batman 1 et 2 et maintenant Inception. J’ai intentionnellement mis de côté Following (1998), que je me promets de voir bientôt), Nolan se forge une réputation de cinéaste averti, doublé d’un sens inné du divertissement intelligent et d’une so-li-de écriture.
Au lieu de prendre des sentiers connus (grâce à ses précédents succès), Christopher Nolan nous amène ailleurs et ce n’est peu dire! Nous nous retrouvons dans sa tête, par l’entremise de la machine à rêves qu’est le septième art, en regardant un extracteur de pensée (joué par Leonardo DiCaprio) s’introduire de celles des autres et se battre contre lui-même via ses propres souvenirs (personnifiée par Marion Cotillard). Vous êtes un peu perdus? C’est parce que je n’ai pas le talent de conteur de Nolan. Inception est d’une fluidité chirurgicale, malgré les degrés de profondeur des rêves et du nombre d’aventures parallèles qu’ont le héros et sa troupe. Christopher Nolan nous donne un cours sur comment marier divertissement et psychologie. Ce jeunot de 39 ans (bientôt 40 le 30 juillet) fait la barbe à plusieurs cinéastes en montrant son savoir-faire, sa compréhension du but ultime du cinéma : éduquer et divertir à la fois. Inception est une autre preuve de sa maîtrise.
Dès les premières images, Nolan nous déstabilise en nous disant : « Ceci est une fiction, mais la réalité pour les personnages. Ils vivront, tout comme vous, une fiction sans savoir où se trouvent les limites de leur réalité. Le pourrez-vous? » Tout au long du visionnement, vous serez sur le qui-vive, ne sachant avec certitude si vous voyez leur réalité ou si vous êtes plongé dans les méandres d’un rêve. Avec méthode, le cinéaste fera monter la tension en crescendo, installant des points de repère (pas si sûrs) jusqu’à la finale qui n’en finira plus de finir. Une « triple » finale, agrémenté d’un épilogue (peut-être) ouvert. Le summum du « serrage de trippes »!!!!!
De vouloir vous conter l’histoire, je peux, mais ce serait simplifier une intrigue qui en dit plus long qu’elle ne le laisse paraître : un mystérieux homme d’affaires (Ken Watanabe) demande à des experts du subconscient (DiCaprio et Joseph Gordon-Levitt) d’inclure une idée dans la tête d’un rival, l’inception. Pour se faire, ils feront équipe avec une architecte (Ellen Page), un « mercenaire » (Tom Hardy) et un « scientifique » (Dileep Rao) pour souder l’idée dans les mémoires d’un jeune industriel (Cillian Murphy). Mais le plan sera plus ardu que prévu, car les démons intérieurs du chef d’équipe interagiront avec ceux du client, tout comme d’autres défenses de l’inconscience qui se battront pour les exclure.
En plus de nous en mettre plein la vue (pourtant, il n’y a pas tant d’effets spéciaux que ça), le réalisateur prend la peine d’approfondir ses personnages et de jouer avec des thèmes comme la culpabilité, l’inviolabilité de l’âme, l’amour aveugle, tout comme d’expliquer sommairement des sujets comme le rêve (évidemment!), la physionomie et la psychologie humaine. Inception est dense, tordu et intelligent. Des œuvres de ce genre ne sont pas légion et même si, au premier visionnement, vous êtes dans les limbes, profitez du voyage offert, car c’était justement un des buts visés par l’artiste qu’est Nolan. Une deuxième écoute permettra d’en apprécier d’autres subtilités.
Inception est fort, très fort! Je sonne « groupie »? Et si je vous disais que j’ai réfléchis presqu’une semaine avant de me mettre à l’écriture pour, justement, éviter ce piège?! J’ai eu beau tenter de rester objectif, mon objectivité… Est sauf!!! Ce film est une réussite tant visuelle qu’intellectuelle. Et j’ai du recul, juré!! (Petite larme de joie, snif!) Chapeau bas! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net