Critique de

INTOUCHABLES
À une condition…

…  Que ça reste intouchable!  Il y a des films comme ça où tout coule de source, qui peut se permettre de toucher à n’importe quoi et qui réussira à nous faire avaler la pilule.  Intouchables d’Olivier Nakache et Éric Toledano émane cet aura.  Pourtant, l’histoire est maintes fois vue :  deux êtres que tout oppose devront s’apprivoiser et de ce fait, grandiront. 

L’intérêt réside avant tout dans la complicité du duo disparate.  François Cluzet en millionnaire tétraplégique et Omar Sy en voleur à la petite semaine sont tout simplement magnifiques.  Le naturel du jeu,  la sincérité de l’émotion, la complexité des rôles, Cluzet et Sy transcendent leurs personnages, ils les habitent et nous embarquent avec eux dans une belle aventure d’amitié et d’acceptation.  Omar Sy est même parvenu à convaincre les membres de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma français qu’il méritait le César du meilleur acteur devant l’oscarisé Jean Dujardin (dans l’Artiste), c’est tout dire! 

Tiré d’un roman à saveur biographique, Intouchables touche à tout :  les classes sociales, la couleur de peau, la condition humaine, la religion, les goûts en culture…  Tout.  Nakache et Toledano le font avec tact, discrétion et humour.  Sachant que la chimie opère devant la caméra, les réalisateurs/scénaristes attaquent des sujets délicats d’une plume fine, cynique et parfois acerbe.  Ils savent aussi (enfin j’espère?!!?) qu’ils ne sont pas de grands cinéastes.  Mais c’est quand même grâce à Tellement proches (2009) et Nos jours heureux (2006) que Nakache et Toledano sont parvenus à pondre du magique Intouchables.  Les mêmes thèmes sont abordés dans les précédentes productions, mais avec moins de fini, de concision (voir archives rafales).  Avec Intouchables, ils ont réussi à consolider leurs thèmes chers et cette humour qu’ils semblent si particulièrement apprécier.  Mais de façon plus modérée!  Exit la caricature, l’exagération des stéréotypes.  Les personnages sont écrits avec intelligence et le reste du mérite revient aux deux parfaits acteurs.

Intouchables fait du bien!  Il fait rire (ça faisait un sacré bout que je n’avais pas ri de si bon cœur!); il émeut (pas de là à brailler comme une madeleine et j’ai pourtant la vanne facile!!  En tout cas…) et il fait réfléchir sur la condition humaine, sur nous.  Intouchables est un bon ET beau film.  À voir et revoir.  Les Français l’ont compris!  Ils ont glissé cette petite production dans les hautes sphères du vedettariat filmique, entre Bienvenue chez les Ch’tis (20 500 000 entrées) et la Grande vadrouille (17 300 000 entrées). 

Intouchables est d’une humanité.  Tout simplement!  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net