Critique de

INVICTUS

Inspirant

Une nouvelle fois, Clint Eastwood signe une œuvre dense, humaine et inspirée.  Se servant de l’histoire véridique du chef politique Nelson Mandela, de 1990 à 1995, le réalisateur nous montre, avec l’aide du scénariste Anthony Peckham, plusieurs facettes de l’Homme, par l’entremise d’un tournoi de rugby et du capitaine de l’équipe locale, François Pienaar (joué par Matt Damon).  Par l’intermédiaire du sport, Mandela a rallié les cultures, les races, les générations, les sexes et les a tous tournés dans la même direction, celle de la réconciliation, de la compréhension et du futur.

Eastwood a toujours cette touche sobre, effacée et une caméra introspective qui va chercher le meilleur de son monde.  Évidemment, il sait s’entourer des meilleurs, à commencer par Morgan Freeman en leader fraîchement sorti de prison.  Nous connaissons tous l’acteur comme un homme calme, posé et investi.  Avec Invictus, il se dépasse encore une fois, s’effaçant complètement derrière la figure médiatique qu’est Mandela.  Jamais dans la caricature ou la copie, Freeman a su rendre accessible un être déjà à part, voire quasi-mythique.  Bien entendu, son pote Eastwood, sachant l’étendue du talent de son homme (troisième collaboration), y est allé d’images cadrées serrées, de plans personnels sur l’homme jouant la « bête ».  Morgan Freeman EST Nelson Mandela.  Et le plus beau reste que le film n’appuie pas sur cet exploit.  Cela semble aller de soi et le réalisateur ne s’attarde pas, préférant s’attaquer de plein front au récit plus qu’à la distribution, une histoire complexe de racisme, d’appartenance et d’acceptation. 

Le scénario de Peckham réussit à nous montrer les deux côtés de la triste médaille de l’Apartheid en Afrique de Sud.  Les Blancs et les Noirs.  Les riches et les pauvres.  Les forts et les faibles.  Le scénario de Peckham montre aussi tous les paradoxes de telles confrontations, avec doigté, finesse et un petit brin de didactisme.  Car malheureusement, encore aujourd’hui, il faut démystifier et combattre cette stupidité qu’est le racisme.  Invictus s’acquitte parfaitement de sa tâche, tout en divertissant intelligemment son public, par le fameux tournoi.  Tout comme les faits réels, le film nous rallie à la cause et nous amène vers une finale gagnante et presque surréaliste.  Eastwood a filmé les parties (double sens ici!) avec intérêt et nous présente un drame autant sportif que politique.  Comme quoi, le mariage est possible! 

Invictus respecte l’Histoire, son public et les cultures.  Il nous montre la face cachée de l’espoir et une porte vers un avenir plus serein pour les Africains, mais aussi pour le monde entier.  S’ils peuvent y parvenir, pourquoi pas le reste du monde?!  Voilà le message de Mandela et de sa « game »!!!  Une autre réussite du vieux singe qui nous fait des grimaces méritées!!  Bravo!  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net