Critique de

JAPPELOUP L’ÉTOFFE D’UN CHAMPION
Cheval en canette

Bon, j’avoue que le jeu de mots est boîteux, mais je tenais à souligner que le film de notre Québécois Christian Duguay est avant tout un projet à laquelle l’acteur-producteur-scénariste Guillaume Canet tenait beaucoup.  Canet, canette, mis en boites, boîteux…??  Aahh!  Laissez faire…

Jappeloup est une histoire vraie très romancée par l’acteur.  Si vous faites vos recherches (ce que je fis), beaucoup de choses sont fausses.  Mais le but de l’exercice était avant tout de raconter l’histoire extraordinaire de ce cheval et de son cavalier, le Français Pierre Durand (joué par Canet) et l’acteur a franchement le sens du spectacle.  Tous les moments mettant en scène l’animal sont superbes, surtout les compétitions hippiques, présentés au ralenti, englobés de musique prenante (du compositeur Clinton Shorter) et de chansons d’époque (car l’action se déroule principalement pendant les années ’80).  Je pourrais en vouloir à Guillaume Canet et Christian Duguay d’avoir tourné le film de façon aussi linéaire et de parfois trop appuyé sur l’émotion (certains plans manquent de subtilité.  La blessure de Jappeloup, entre autres, fait très mélo!), mais l’histoire est tellement bien ficelée et les acteurs tous convaincus que ces bémols passent plutôt bien.

D’ailleurs, le scénario de Canet (précédemment écrit par Camille Guichard et Pascal Judelewicz) fait le part belle à tout l’entourage du cheval.  Non pas seulement à Pierre Durand (toujours excellent Canet.  Même à cheval), mais aussi au paternel (interprété sobrement par Daniel Auteuil), à la future épouse du héros (Marina Hands), sa palefrenière Raphaëlle (amalgame de la première véritable cavalière du cheval et de la vraie palefrenière Bernadette Robin, jouée par Lou de Laâge) et du premier propriétaire de la bête (Jacques Higelin).  En présentant tout ce monde, Duguay crée l’émotion, grâce à un excellent montage lors des moments cruciaux.  Le film vient nous prendre aux tripes, malgré la prévisibilité du récit (Ils gagnèrent la médaille d’or aux jeux olympiques de Séoul).  Je ne vends pas de punch, c’est un fait accompli amplement souligné par les Français.  Ils ont même fait un jubilé au pied de la Tour Eiffel lors de la mise à la retraite de Jappeloup en 1991, alors…!!!

Je suis aussi content qu’il ait fait appel à Christian Duguay pour la réalisation, le cinéaste n’ayant tourné que quelques téléfilms ces dernières années (dont Human trafficking en 2005, avec Donald Sutherland, qui lui rend un bel hommage en acceptant de faire un caméo dans Jappeloup).  Pourtant, il a lui aussi l’œil pour le show et le producteur-acteur-scénariste Canet a vu le potentiel de notre Québécois exilé.  Une chance s’est présentée et il a su la prendre au vol. 

Jappeloup n’est peut-être pas fidèle à la réalité, mais en tant que divertissement, ça fait le job en ciel.   Y a-t-il quelque chose de plus beau qu’un cheval au galop?  Ben oui, c’est sûr, mais le but n’est pas de les énumérer ici, seulement de constater que cette production fait un bel hommage au champion olympique et à sa monture.  3.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net