Critique de

JUNO

D’une magnifique simplicité

C’est la curiosité professionnelle qui m’a poussé à voir ce film. Premièrement, parce qu’il est réalisé par le fils Reitman, dont le père, Ivan, fait partie de ma liste d’amour (et ce, malgré ces dernières productions plutôt ternes!! Comme John Carpenter, en passant, même si ç’a pas rapport!!) Et deuxièmement, parce que je voulais savoir pourquoi l’Académie des Arts et Sciences (les « Oscars ») lui a décerné quatre nominations, dont le meilleur film, la meilleure actrice et le meilleur scénario.

Suite au visionnement, j’ai eu quelques éclaircissements! Un : Jason, le fils, est un jeune réalisateur à surveiller (c’est dans les gênes, ‘faut croire!!?? Je me promets de voir sa première œuvre, Thank you for smoking) Deux : les nominations sont amplement méritées, mais cela n’ira pas plus loin! Je m’explique sur ce point! C’est la nouvelle mode à Hollywood, celle d’aller chercher des petits films indépendants et de les gonfler, pour montrer que la vieille garde est à la page. Nous avons vécu ce phénomène l’année passée avec Little miss sunshine. Et bien, Juno s’inscrit carrément dans la même veine que le film de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Il est simple, écrit avec intelligence et finesse, par l’ex-stripteaseuse Diablo Cody (Ben oui, bande de « pleins de préjugés »! Elles savent aussi écrire!! Pfff!! Franchement….) Et la distribution, menée par la jeune sensation Ellen Page (vue dans Hard candy et X-men 3, entre autres), est criante de naturel et convaincue du bien fondé de l’entreprise.

D’ailleurs, cette entreprise est sublime de naïveté. L’histoire tourne autour d‘une jeune étudiante, enceinte, qui comprend toute la gravité de la situation et décide, d’un commun accord avec le chum (joué par le Superbad Michael Cera. Meilleur ici!!), de laisser le nouveau-né à des gens plus responsables et qui en ont réellement besoin, c’est-à-dire un couple infertile (Jennifer Garner et Jsaon Bateman). Voilà pour le synopsis! Ce qu’il y a de plus fascinant, c’est justement dans la sobriété de la réalisation de Reitman et dans la responsabilité et la clarté des protagonistes dépeints par Cody. Malgré un schéma scénaristique somme toute facile, ils ne nous prennent pas pour des crétins et nous montrent toute l’étendue du geste posé par le personnage principal et ses conséquences sans jamais tomber dans le mélodrame, ni le sensationnalisme. Aux premiers abords, le film peut sembler trop « rose » et improbable, tant les personnages secondaires sont sereins et conciliants avec la jeune mère (père et belle-mère; couple infertile, …), mais il y a une profondeur qui humanise les situations et qui nous ancre dans une réalité pas si lointaine de la nôtre (la perception des élèves, la question de l’avortement, les divorces, …)

C’est qui aide beaucoup Juno, outre le scénario, c’est Ellen Page. Elle crève littéralement l’écran. Pour son jeune âge, elle fait preuve de beaucoup de savoir-faire et de conviction dans son jeu qui, soit dit en passant, est très convaincant et attachant à la fois. Elle élève le film d’un cran et l’aide à le démarquer des autres comédies dramatiques sur un sujet semblable. Si ce n’était des autres nominées, elle mériterait l’oscar d’emblée, mais elle est encore jeune et a assez de talent pour nous surprendre de nouveau (En passant, elle est en compétition avec Julie Christie et Cate Blanchett, pas des deux de pique!!)

Juno, de Jason Reitman, est un film que l’on nomme en anglais un « feel-good movie »! Nos suivons les tribulations du personnage, l’accompagne dans son cheminement personnel et « professionnel », n’avons aucune surprise désagréable, ni punch débile pour nous garder accrocher, car les artisans savent qu’ils n’ont qu’à montrer les faits avec goût, humour et intelligence. Jamais pris par la main, le film se termine comme il a commencé, c’est-à-dire doucement. Comme la vie peut souvent l’être!!! Délicieux moment de sagesse. 4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net