Crittique du film

KING KONG
Titanic 2: le retour de la bête

C'est la première réflexion qui m'a hanté l'esprit depuis le visionnement du film. Les comparaisons sont indéniables: histoire connue (Lui, il coule; L'autre, y meure); Réalisateurs à la limite de la mégalomanie (James "King of the world" Cameron et Peter "Seigneur des anneaux" Jackson... D'ailleurs, aux deux, c'étaient leurs bébés!!); Immense budget, suivant un succès (True lies et la trilogie de l'Anneau) J'sais pas pourquoi, mais ça m'a travaillé...

...Et pourtant, j'ai aimé! Pas adoré, mais "aimé"! King Kong va souffrir un peu des prédécesseurs de Jackson! L'histoire est épique et elle est montrée comme telle!! (...) Mais j'suis ben fatiguant, donc! Même si j'ai trouvé beaucoup de similitudes avec le Seigneur... et Titanic, n'en reste que je me suis diverti en câline! Et ce, malgré un énorme 3 heures (Le saut que j'ai fait à l'annonce de la durée!!) D'ailleurs, c'est un peu trop long. Quelques coupes ici et là auraient allégé la qualité d'un scénario parfois alambiqué! Mais commençons par le début:

Nous connaissons tous les grandes lignes du film de 1933 de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, dont Jackson s'est inspirées. Eh bien, rien ne change! New York, lors de la Grande Dépression. Ann Darrow (Naomi Watts) est une comédienne qui tire le diable par la queue. Elle "tombe" sur Carl Denham (Jack Black), un réalisateur qui veut terminer un projet sans le consentement des producteurs. Hypnotisée par les lubies de Denham, madame Darrow s'embarque sur le bateau Venture pour les fins du tournage. Destination inconnue de l'équipage, sauf pour Denham qui détient une carte mystérieuse indiquant l'emplacement d'une île. La découverte de la péninsule et de ses "habitants" ne se fait pas sans heurts et madame est offerte en sacrifice au roi de l'île: Kong. Les marins et l'équipe de production, dont le scénariste Jack Driscoll (Adrien Brody) partiront à son secours. Plusieurs y resteront! L'aventure montera à la tête du réalisateur Denham, à un point tel qu'il voudra ramener la bête dans la grosse Pomme, histoire de se faire un peu de capital. Mais monsieur Kong n'aime pas la vie urbaine, ni être séparé de sa douce! Les retrouvailles se feront sur le toit de l'Empire State building, des retrouvailles déchirantes...

Le défi de Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens (ses complices de toujours) étaient de rendre crédible une histoire d'amour entre un gorille digital de 25 pieds et une actrice blonde au jeu "thirties". Et franchement, ils y ont réussi! D'accord, la première partie est plutôt laborieuse et quasi-mélodramatique. L'installation des protagonistes est rudimentaire et souligné au marqueur. C'est à se demander si le réalisateur n'a pas fait exprès de la jouer gros comme dans la première version. Quelques répliques savoureuses sauvent la mise du premier tier du film: "Fay est-elle disponible? Non, elle joue dans un projet pour la RKO" (Pour ceux qu'ils ne le savent pas, c'est Fay Wray qui interprétait la Ann Darrow de '33 dans une production de RKO! Délicieux clin d'oeil...!) La deuxième partie, outre l'action "non-stop" sur Skull island, c'est le moment-charnière de l'amadouement des deux personnages centraux. Bien entendu, les événements auront beaucoup à voir avec leur rapprochement! Et la troisième partie (retour à New York), c'est la consécration de leur "amour", tout en non-dits et en regards! Le mérite revient beaucoup aux deux comédiens: Watts et Serkis. Watts avait la lourde tâche de nous faire accroire à un amour possible avec un singe (c'est pas rien!) et son jeu, sa montée dramatique est renversante. Des gros plans, les silences font que son personnage ne tombe pas dans le têteux! Pour ce qui est d'Andy Serkis (le Gollum du Seigneur...), encore une fois par le biais de la technologie, réussi à humaniser un être irréel. Ses mimiques faciales sont tout simplement extraordinaires. Et pour le remercier, le roi Jackson lui a donné un rôle "visible", celui du cook Lumpy, l'élément comique du film.

Les autres acteurs ne sont pas en reste. Beaucoup moins unidimensionnels que dans le Kong '33, tous les personnages ont leur moment de vérité. Mais la palme revient à Black pour son premier rôle "sérieux". Il n'est pourtant pas extraordinaire, mais il réussit à faire oublier le gros teton de ses comédies (comme, à plus petite échelle, Jim Carrey et le Truman show).

Le film ne serait qu'une grosse farce d'effets spéciaux si ce n'était de la musique de James Newton Howard (en remplacement d'Howard Shore, au pied levé) Quelque peu sirupeuse au début, le tout se replace admirablement sur l'île, pour amener une dimension plus dramatique et émotive (sans tomber dans le mélo) au Kong 2005.

Parlons maintenant de ces fameux effets spéciaux, ceux-là qui vont décider du succès ou de l'échec du projet. Quand on a vu ce que Wingnut (la compagnie de Jackson) a fait avec le Seigneur..., que croyez-vous qu'il en résultera? Parions un vieux 2$ sur une réussite complète......... Je fus sans voix! C'aurait pu être le talon d'achille de King Kong, mais les manches retroussées, les techniciens ont travaillé jusqu'à la fin pour faire un pas de plus dans le domaine de la digitalisation. Extraordinaire! Bon, d'accord, il y a quelques petits accrochages ici et là, mais ce n'est rien face au reste (Les bibittes; le combat T-Rex; les rues ravagées de NY par Kong; l'île au complet) Et bien sûr (encore une fois, les trompettes svp!), King Kong lui-même.

Ne chercher pas une thèse philosophique à la Rousseau dans King Kong. Le but premier de Peter Jackson était de se faire plaisir lui-même. Il semble avoir tellement eu de fun (3 heures de fun!) qu'il a réussi à m'embarquer dans son aventure, malgré les coins quelques fois ronds du scénario (Elle arrive d'où, la carte?; Pourquoi les habitants de Skull island donnent-ils en sacrifice des gens?; Pourquoi autant de colère de leur part?; L'arrivée toujours opportune du capitaine Englehorn (Thomas Kretschmann) en moments de crise; C'est qui véritablement, Jimmy (Jamie Bell)?...) Ben, fuck les questions! De toute façon, un gorille de 25 pieds qui aime une blonde, c'est de la fiction, alors... Pis tant qu'à faire un remake d'un chef-d'oeuvre (qui durait 1h40), autant mettre la "viande" à la bonne place!! Vivons le moment présent et réjouissons-nous de la nouvelle réussite du hobbit barbu Peter. 4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net