Critique de

L’IMMORTEL
Ad vitam aeternam…

…Pour notre plus grand malheur!  Combien de films « mafieux » avons-nous eu droit ces trente dernières années qui ne parlaient pas d’honneur, de trahison, de famille et de rédemption?  Non pas que ces thèmes ne doivent pas faire partie du genre, mais disons plutôt que la plupart du temps, ils sont intégrés sans grande originalité.  Comme ici!

Tiré d’un fait vécu (un chef de la pègre local marseillaise sort vivant d’une tentative d’assassinat, 22 balles de fusil plus tard), l’acteur Richard Berry et les scénaristes Éric Assous, Alexandre de La Patellière et  Mathieu Delaporte ont tourné une production sans saveur, enlignant les clichés d’usage au genre, tout en tentant de « béatifier » leur héros survenant (joué sobrement par Jean Reno).  Parce qu’il n’a qu’une parole, le ressuscité a tous les droits, même celui de vengeur!  Donc, œil pour œil, dent pour dent en autant que cela soit pour le « Bien » du peuple.  Le commissaire local (un des clichés du film) interpelle bien la pensée de Berry et sa troupe :  « Attendons qu’ils s’entretuent!  Ça en fera moins à arrêter! »  Le fond est vrai, nous le pensons tous intérieurement, mais ce n’est pas en le récitant que, nécessairement, le film aura notre grâce.  Le gros du problème provient du manque de profondeur du récit, se résumant à une simple vendetta personnelle jusqu’à la finale entre deux vieux potes.  Aucun punch ici, d’ailleurs, car les auteurs ont eu la mauvaise idée de nous dévoiler LE big boss machiavélique dès le début.  Méchant franchement risible en passant!  Kad Merad bégayant ses ordres tout en frappant ses employés, pfff!!  Bonjour crédibilité! 

Richard Berry a cru bon de ralentir le rythme au profit d’une vie quotidienne routinière, question de nous humaniser le héros.  Mais quand ce héros est surveillé à gauche et à droite par la police et ses ennemis, que ce héros se lève de son lit d’hôpital pour tirer quelques malfrats, que ce héros embrasse son fils et ridiculise l’ordre, que ce héros a des états d’âmes face à une agente « veuve éplorée » (pauvre Marina Foïs) et que ce héros résiste à tuer son meilleur pote pour cause d’honneur, l’humanité quotidienne, entre vous et moi, j’y crois peu!!!  D’ailleurs, ce paradoxe entre rythmique lente et enlignement de cadavres pour la « bonne cause » démontre que Berry a manqué le coche!  N’est pas Coppola qui veut!  Tant qu’à surligner de stéréotypes, autant y aller à fond et jouer la carte du drame policier type.  Au moins, le spectateur averti aurait su à quoi s’attendre.  Mais l’Immortel flotte entre deux eaux et nous noie d’ennui.

Un Jean Reno imposant dans un film endormant!  Beuh…  2/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net