LA FRENCH
The anglais
C’est évident que les baby-boomers et les cinéphiles qui se respectent (je me respecte. Hihi!) voudront, ou plutôt, feront des rapprochements avec le classique de William Friedkin tourné en 1971, soit dans le même temps que les fameux événements (ça, c’était du culot, les amis!) Mais cette production-ci s’attarde au déclin de la French connection, à la fin des années ’70 et au début ’80. De plus, et j’ai fait mes devoirs, le film de Cédric Jimenez est un amalgame rafistolé de plusieurs moments s’étend déroulés sur plusieurs années. Le film se passe sur quelques mois, au pire deux à trois ans, en tout cas, ce n’est pas très clair. Saviez-vous que la famille du juge assassiné Pierre Michel a désavoué le film, ne reconnaissant pas l’homme dépeint par la scénariste Audrey Diwan et le réalisateur? Est-ce que tout cela fait de la French un mauvais film?
Non, mais… C’est un peu pompeux. Remarquez, je n’ai absolument rien à redire du contenant. La reconstitution de l’époque est impeccable, des costumes aux décors en passant par les véhicules. Même la musique incluse à l’action amène un sentiment de nostalgie (c’était quétaine, mais c’était le bon (???) vieux temps!!!) Pourquoi pompeux? Car l’histoire alambiquée par Jimenez et sa troupe se concentre sur deux êtres diamétralement opposés et que le réalisateur en fait une tonne pour nous montrer tous les versants de leurs personnalités respectives. Je n’ai rien contre Jean Dujardin et Gilles Lellouche. Ce sont de bons acteurs, mais ce ne sont pas non plus Al Pacino et Robert De Niro et Jimenez voudrait faire de la French le Heat des Français (film réalisé en 1995 par Michael Mann, vous vous souvenez? Sûrement que oui! Ç’avait tellement de la gueule. En tout cas…) Les situations les impliquant directement, celles plus personnelles surtout, sont supposées servir à contrebalancer les séquences d’action, celles où les vilains sont vraiment vilains et la police, la justice, tsé!?! Deux poids, deux mesures. Le juge peu présent pour les siens et le mafieux, bon père de famille. Vous comprenez l’astuce? Mais ce stratagème scénaristique ne fait qu’appesantir l’historique des événements et au final, ne crée qu’un mélo de trop aux faits présentés. P.S. : C’était sensiblement le même modus operandi pour the French connection, tsé franchement, pfff…!!
Si Jimenez s’était simplement concentré sur les faits, déjà on avait de quoi se sustenter. N’est-ce pas un des plus gros cartels, encore inégalé à ce jour, de trafic de drogue? Avec moult personnages plus spéciaux les uns que les autres?! ‘Fallait avoir des « gosses » en béton pour s’attaquer à ce genre d’entreprise et le juge Pierre Michel, entre autres, était une figure à laquelle le public pouvait s’identifier. D’ailleurs, le choix de Dujardin est d’autant plus intéressant, car il amène une humanité et une sympathie par sa bouille d’ancien acteur comique. Ça ramène le justicier sur le plancher des vaches. Le choix artistique du cinéaste est discutable, car le célèbre cartel est trop ancré dans l’imaginaire collectif pour ainsi le dénaturer au profit d’une fable romanesque à grand déploiement. On ne voulait pas tant de mélo, on voulait de l’introspection agrémenté d’action sanglante. Nuance! Il y bien quelques séquences d’assassinat, mais elles arrivent par la porte d’en arrière et sont vite expédiées, comme si elles étaient une plaie ou un boulet au récit émotif des scénaristes.
Honnêtement, je trouve que Cédric Jimenez aurait dû faire ce que les Français font de mieux, de la psychologie, au lieu de tenter de tourner un « american movie » à saveur marseillaise. « The heat is… NOT on » (du chanteur Glenn Frey, dans Beverly hills cop. Vous vous rappelez? Sweet…) Quant à la French, c’correct. Léché, bien joué, bien tourné, c’est méga « clean » pis c’n’est pas une qualité! 3/5 MAX. par François Gauthier cinemascope@deltar.net