Critique de

LARGO WINCH

Largué in the wind (air connu.  En tout cas…) 

Vous savez quoi, ce qui fait le charme de Largo Winch, de Jérôme Salle (Anthony Zimmer), c’est qu’il est une adaptation d’une bande dessinée (de Philippe Francq et Van Hamme).  On a très souvent la « fausse impression » qu’une BD ne recèle que des superhéros en collants « stretchés » ou des mangas aux « bibittes » tentaculaires!!  Ici, Largo est un héritier illégitime d’un magnat financier qui cherche à venger son père adoptif, mort nébuleusement sur son paquebot.  Une sorte de Jason Bourne mixé avec Thomas Crown!  Ne connaissant ni d’Ève, ni d’Adam l’œuvre des artistes, j’ai découvert une histoire plutôt bien ficelée, où tous les personnages cachent des squelettes dans leurs placards. 

Bon, j’ai lu quelque part que les puristes n’acceptaient pas que Salle et le coscénariste Julien Rappeneau aient regroupé les QUATRE premiers livres du héros.  Cela précipitait trop l’intrigue et tournait les coins ronds sur certains détails du mystère Winch!  Personnellement, cela ne m’a pas empêché de me laisser bercer par l’exotisme et les couleurs du récit de cet homme taciturne, « prime » (expression du Lac St-Jean qui signifie soupe-au-lait, prompt à réagir), qui fait tomber les filles comme le célèbre agent british au martini « shaked, not stirred »!!  Certes, j’admets que certaines scènes étaient un peu déficientes face à l’ensemble, soit trop rapides ou carrément au neutre!  En fait, Largo Winch le film à un rythme quelque peu défaillant, en dents-de-scie, mais se rachète par son interprétation nickel et par son histoire tordue aux multiples rebondissements, interprétation mené par le jeune Tomer Sisley.  Son Largo Winch aux accents slaves, au teint basané et au corps du « Retour chez les nerds » donne une dimension plus humaine au caractère de Francq/Van Hamme.  Ce quidam que les événements bousculent peut aisément nous être identifiable, permettant de ce fait une meilleure interpellation à cette enquête magouilleuse dans les hautes sphères de la finance.  Sisley se la joue « cool » comme 007, mais reste bien ancré dans cette réalité grâce à son air naïf.  L’acteur est, par contre, bien entouré de seconds violons se la jouant amusé :  Kristin Scott Thomas, Mélanie Thierry, Karel Roden et Gilbert Melki ont des rôles plus étoffés que l’histoire ne laisse transpirer et ils nous le prouvent par un jeu détaché, à la limite de la caricature.

Mon problème (outre le rythme couci-couça) est la musique d’Alexandre Desplat.  La caméra de Salle est resté sensiblement proche d’une réalité parallèle à la nôtre, mais les notes pesantes, voire pompeuses du compositeur nous ramènent beaucoup trop à un univers fantaisiste, un paradoxe avec les images tournées.  Soit elle appuie trop l’action, soit elle l’encadre tellement que l’interprétation n’est plus possible!?  Mon impression serait que l’auteur se serait fié plus à l’œuvre graphique qu’au film de Salle, ce qui revient à dire que le réalisateur doit porter une partie du blâme, car ayant laissé passer cette bifurcation musicale!

Mais dans l’ensemble, Largo Winch est un bon thriller cinématographique et une bonne carte de visite à la BD.  Un mélange adéquat d’action américaine et de répliques assassines françaises.  Finalement, Largo est un gars de la Terre…  (Mouais, bon!  Passons!)  3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net