Critique de

MAD MAX: FURY ROAD/MAD MAX: LA ROUTE DU CHAOS
Fou du volant!

Oooohhhh yeah!  Fast & furious peut aller se rhabiller, “Mad Max is in town!” Mais commençons par le commencement, je ne suis pas du tout un inconditionnel de la série australienne.  J’les ai revu dernièrement (à cause de, tsé!) et je ne me rappelais pas que le premier de 1979 était aussi décousu, brouillon et « low budget »; le deuxième, the Road warrior (1981), était celui qui élaborait le mieux sur l’idée post-apocalyptique et le troisième (Beyond thunderdome, 1985), ben, c’est le Retour du Jedi du cinéaste George Miller, les Ewoks étant remplacés par de naïfs enfants (quoique le première partie en ville avait de la gueule!)  Donc, tout ça pour écrire que la série ne fait pas partie de mon enfance nostalgique de cinéphile en devenir. 

Mad Max 4 trente ans plus tard?!  Avec un autre acteur que Mel Gibson?  Mouais…  Ma première pensée fut que Miller voulait s’éloigner des p’tits pingouins dansants et revenir à ce qui l’a mis sur la map :  de la violence, un point de vue arrêté, des cascades réalistes (peu d’effets infographiques dans ce quatrième opus.  Écrivons plutôt « revisite »), …  Un retour aux sources, quoi.  Et quel retour!  Miller et ses coscénaristes Brendan McCarthy et Nick Lathouris ont compris qu’ils n’avaient nulle besoin de réexpliquer la nature dérangé de leur héros, préférant « garrocher » ça et là, des flashbacks de folie du personnage.  Ils mettent la table dès le début:  ce sera du « non-stop action », où la folie humaine est reine.  D’ailleurs, ce royaume est dirigé par un bonze dictateur joué par l’acteur Hugh Keays-Byrne, un superbe et jouissif clin d’œil au premier de la quadrilogie (l’acteur australien jouait le chef des motards.  Merci, Miller, ça, c’est une gâterie pour les aficionados).  De plus, j’ai ma p’tite théorie sur ce judicieux choix.  Ceux qui connaissent la série savent que dans the Road warrior, il y a un pilote d’hélicoptère joué par Bruce Spence et que l’équipe de casting du troisième film l’ont réengagé, mais jamais, dans le déroulement de l’histoire de Beyond thunderdome, Max et le pilote feront des allusions sur leur passé, ni leur relation.  Il y eut beaucoup (et encore aujourd’hui) beaucoup de confusion à ce sujet.  Dans Fury road, qui est une revisite, on cache le visage de Keays-Byrne, mais reste qu’il est un élément clé des deux aventures. 

Fury road porte visuellement bien son titre.  La route appartient aux fous furieux!  Tout en gardant l’idée de base d’une société post-apocalyptique vivant sur le peu de matières premières, Miller et sa gang ont donné de la poudre aux yeux au public, des tempêtes de poudre.  Les courses sont chorégraphiées au quart de tour; les véhicules sont d’hallucinantes machines de guerre; les personnages sont des illuminés dangereux; les deux héros principaux, des écorchés cherchant vengeance (et une certaine paix intérieure), …  D’ailleurs, le fait de mettre une femme en avant-plan rehausse l’intérêt, autant primitif qu’idéologique, l’équipe scénaristique voulant faire la part belle au féminisme, alors que dans ce genre de production qui carbure à l’essence, la femme est une plantureuse potiche ne servant qu’à aguicher le public masculin.  Ici, elle mène pratiquement le bal.  Furiosa est la pièce maitresse de Mad Max 4.  Interprétée avec beaucoup de conviction par la toujours superbe Charlize Theron (les cheveux longs ou non, elle est belle, que voulez-vous?!), l’actrice amène une certaine émotivité à la production « testostéronée ».  Elle est le « yang », l’alter ego de Max, ce dernier étant encore ici peu loquace, solitaire, à la limite de la dysfonction.  Parlons-en, de ce « yin ».  C’est à l’acteur britannique Tom Hardy qu’est revenu la charge de chausser les souliers de Mel Gibson et franchement, il fait un excellent travail.  Les émotions du rôle sont véhiculés avec diligence par Hardy, alors que Gibson prônait plus souvent qu’autrement une certaine excessivité expressive (la marque de commerce de plusieurs de ses rôles des années ’80).  Max est un homme brisé, hanté par la mort de sa femme et  de son enfant, errant sans but dans le désert avant de tomber sur Immortan Joe et sa gang de War boys, des fanatiques pratiquement lobotomisés par leur « leader ».  Tom Hardy s’enhardit bien de sa tâche (désolé, hihi!!) 

Ce que j’ai apprécié de cette revisite (Miller tient mordicus à dire que ce n’est ni un « remake », ni un « reboot »), c’est que tous les éléments intéressants des précédentes aventures y figurent, mais que le cinéaste de 70 ans a encore une fois manipuler son idée d’origine.  Oui, Max vit dans un monde sans réelle loi; oui, la matière première est devenue une denrée rare et convoitée; oui, Max est dérangé, tout comme son entourage.  Mais Miller et ses scénaristes ont amené la « femme », élément quasi-inexistant dans la trilogie et élaborés sur ses multiples fonctions (mère; guerrière; beauté; trophée).  C’est ce qu’il manquait à la série, les émotions.  Le genre féminin véhicule mieux les sentiments, alors que l’Homme, surtout dans ce genre de situation, ne pense qu’à sa survie.  Charlize Theron en Furiosa est le porte-étendard d’une féminité en guerre contre l’Homme et sa représentation animale.  Une idée de génie!  Cela ne l’empêche pas de botter des c*ls dans de débiles courses monstres, hahhaha!! 

Mad Max : fury road reprend à la ligne de départ et sans oublier ses origines (les nombreux clins d’œil sont exquis), ce fait sien!  La course est enlevante et on espère que la ligne d’arrivée sera loin, car entre les deux points, on ne veut pas reprendre son souffle.  Enfin une revisite pas crucifiée sur l’autel du merchandising et de la facilité.  Mad Max 4 n’est tout simplement pas une suite, une genèse, un remake…  Mad Max : fury road est Mad Max!  4/5 minimum. Par François Gauthier cinemascope@deltar.net