MESRINE : L’ENNEMI PUBLIC N’1
Égo, c’est trop!
(Suite de Mesrine : l’Instinct de mort)
… Tant et si bien que le personnage prendra une ampleur telle que le spectateur se distanciera, car « Mérine » (comme il le soulignait allègrement) gonflera ses exigences et deviendra hors de contrôle. Surtout pour Richet, qui avait fait un excellent travail de cadrage de l’homme. La suite, comme toute bonne suite, tombe dans le piège de l’extravagance visuelle et les rôles deviennent vite secondaires, autant pour Mesrine que ses acolytes. La linéarité, la minceur de l’histoire est inversement proportionnelle aux nombres d’évasions, de braquages et de femmes tournant autour du voleur numéro 1 des années ’70. Là où Richet et Abdel Raouf Dafri misaient juste en s’attardant aux actions des hommes pour expliquer leurs gestes, Ennemi public n’1 n’est qu’un enchevêtrement de coups du cambrioleur et de ses amis du moment, qui viennent et qui passent.
Certes, Mesrine a pris goût au vedettariat, ce qui explique le manque de consistance psychologique, car il est sûrement difficile d’analyser et d’adapter un homme au grand écran, alors qu’il cherchait déjà, à l’époque, la caméra. Tout y est déjà dit et écrit de par le véritable sujet. Ce nombrilisme, cette soif de reconnaissance du public, Dafri et Richet ont tenté de nous l’expliquer par une petite scène éloquente entre le fils fugitif et son père hospitalisé (Michel Duchaussoy). Le manque d’amour paternel serait à l’origine du mal qui rongea Jacques Mesrine. M’enfin, bien essayé, car les auteurs nous ramènent vite sur terre avec un kidnapping, une évasion, une poursuite, etc. La vie de Mesrine étant pas mal publique, Richet s’est contenté de nous la représenter, en tout cas, ses meilleurs moments. Il y a bien ça et là des séquences fortes, où ils parviennent presque à cerner le personnage (les conversations entre le milliardaire Lelièvre et lui ou les explications « robin-des-boiesques » avec son copain révolutionnaire (Gérard Lanvin)), mais trop peu…
Par contre, Vincent Cassel y est encore d’une présence colossale (dans tous les sens), prenant du poids et changeant de visages (Mesrine fut célèbre pour ses déguisements). Cette constance dans le jeu, ce charisme animal dégagé par l’acteur permet au spectateur de rester concentrer, car là est le véritable intérêt. Cassel est époustouflant! Malheureusement, on s’intéressera moins aux actions de l’homme (tel que mentionnées), aucune vraie tension ne se poindra, car « comme le Titanic, il n’évitera pas l’iceberg! »
L’Ennemi public n’1 souffre de son prédécesseur qui éleva les attentes, mais reste intéressant dans la mesure où les faits décrits sont véridiques et incroyablement invraisemblables. Une suite correcte, avec un acteur en transe. Comme l’a si simplement dit le principal intéressé : La mort était la fin logique de ses aventures, une cellule dont on ne s’évade pas. Richet y finira son film sur le cadavre criblé et ensanglanté de son anti-héros. 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net