Critique de

MICMACS À TIRE-LARIGOT
Ahhhh!  Douce volupté de la folie passagère

Voilà le retour du Jean-Pierre Jeunet espiègle, celui d’Amélie Poulain!  Youhou!  Quelle rafraîchissante comédie déjantée.  Avec Micmacs à tire-larigot, les grands esprits se rencontrent, où Jeunet est roi et Dany Boon, son fou!  Reprenant l’essence même de son plus gros succès (qui a fait connaître Audrey Tautou au monde entier) et lui assénant l’épice de son premier long métrage (Delicatessen, déjà 19 ans!), on assiste avec délectation à une machination rocambolesque où les petites gens gagnent sur les gros nababs!

L’univers du cinéaste étant déjà illuminé, il ne faut pas se surprendre lorsque le héros, SDF ayant reçu une balle dans la tête, fomente un plan pour faire payer deux industriels véreux qui l’ont mis dans cette situation, ceux-ci se voisinant!!  C’est ça, la beauté du Terry Gilliam des Français, l’improbabilité des situations qui finissent par nous convaincre.  Tout comme le groupe accueillant le balafré, une bande de joyeux lurons stéréotypés, uni par les liens simples de l’amitié et de l’entraide.  On sent d’ailleurs dans le jeu des comédiens un amusement enfantin, un retour à la petite école!  André Dussollier est sublime en boss d’usine d’armes, se régalant du malheur des autres, hautain au petit peuple.  Pareil pour le vétéran Jean-Pierre Marielle et Yolande « big momma » Moreau, couple disparate au passé plus lourd que leurs congénères, la venue de Bazil (Dany Boon) leur redonnant un regain de vitalité.

Le plus revigorant de Micmacs… est l’excellent mélange entre le propos lourd (les armes et les dommages collatéraux), les moyens utilisés pour atteindre le but (des plans à la Will E. Coyote, cartoon de Warner bros.) et l’énergie dégagé de l’ensemble, un ton bon enfant!  La dose entre la politique, la comédie de situations et la psychologie des personnages ne s’écrasant jamais entre eux, mais se complétant.

Dany Boon trouve chaussure à son pied en Jeunet, se mariant parfaitement à l’invraisemblable monde de corruption, de vilenie, de sous-estimés, d’amour complémentaire.  Car Jeunet et le coscénariste Guillaume Laurant n’ont pas laissé de côté les émotions premières de l’humanité, c’est-à-dire l’Amooore et la famille.  Le groupe de Tire-larigot (nom de l’habitat des SDFs) combattant contre l’infamie individualiste de capitalistes égoïstes (Ouff!  J’l’ai travaillé, celle-là!)  Boon passant d’indépendance à collectivité et comprenant qu’on est plus fort en groupe, y trouvant plus qu’il n’avait cherché (« Bisous, bisous »!) 

Micmacs à tire-larigot est une douce brise de folie dans un monde qui s’individualise et banalise tout et rien.  Jeunet nous la met en pleine figure avec la « finale sur Youtube »!  HAHA!  Délicieux…  Pas simplement délicieux, vivifiant!  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net