Critique de

MILLION DOLLAR BABY/LA FILLE À UN MILLION DE DOLLARS

Il m'a fallu des semaines et une soirée des Oscars pour me convaincre finalement d'aller voir le dernier-né de Clint Eastwood. Et j'y suis tout de même allé à reculons! Le synopsis du film ne venait pas du tout me chercher: une fille dans la trentaine demande l'aide d'un vieux routier de la boxe pour l'entraîner!! Allô?? Imagination? Es-tu là? J'en suis sorti... Euh! J'en suis sorti, point. Non pas que le film soit mauvais. Bien au contraire. C'est une oeuvre magnifique, lente, posée, réfléchissante d'humanité ("cute", hein?!) portée par des acteurs au sommet de leur art: Eastwood, Swank (qui mérite amplement son Oscar de meilleure actrice) et Freeman (lui?! Toujours égal à lui-même: une force tranquille. Avec un Oscar-hommage, c'est mon opinion. 'Reste qu'il est bon...) Le film plonge dans l'humain, là où ça fait mal! Malheureusement, Eastwood, tout bon raconteur qu'il est, joue beaucoup sur l'ambivalence des personnages, avec leurs non-dits et leurs gestuelles dénonciatrices, ce qui fait que l'ensemble est gris, terne, à la limite de la froideur. On ne s'attache que très lentement aux personnages décrits du roman biographique Rope burns " de l'auteur F.X. Toole. Là où il dénonçait la violence par la violence (Unforgiven) ou l'amour à sa plus simple expression (Bridges of Madison county), Million dollar baby fige sur la fraternité d'un coach pour sa pouliche et aussi, sur l'euthanasie.

J'avoue ma peine de voir repartir (encore!) bredouille Scorsese au détriment d'Eastwood. Personnellement, the Aviator méritait un sort plus enviable. Je ne m'explique tout simplement pas le pourquoi du meilleur film 2004 à la Fille à....! Oui, c'est bien joué! Oui, c'est punché (scénario de Paul Haggis) Oui, c'est bien réalisé (Clint fait partie des derniers dinosaures qui privilégie la lenteur au clip. Même Woody Allen pêche dans l'excès, c'est vous dire!!) Mais il y manque ce quelque chose qui rattache le film à la Vie quotidienne, ce "je-ne-sais-quoi" qui touche la fibre intestinale au premier degré (qui pogne aux trippes, quoi!)

Malgré tout, le film raconte une belle histoire d'amour entre le sport, le machisme et la détermination. Le scénario nous amène dans un sentier très peu fréquenté à Hollywood qu'est l'euthanasie en passant, pour nous emberlificoter, par des voies "clichés". Eastwood réussit le pari de nous faire accepter son point de vue sur le sujet (après 2h30, c'était long......) Et c'est tout à son honneur. Parlant de cliché, juste une note sur la famille de BS de la boxeuse: oui, elle est TRÈS stéréotypée. Mais c'est le seul bémol technique de Million $ baby.

Je suppose que mes attentes étaient trop grandes et qu'elles ne furent pas atteintes dans leur intégralité. Ou plutôt que je n'avais pas du tout d'attente et que j'attendais l'éclair de génie qui ne vint jamais. Un bon film qui, je l'espère sincèrement, vieillira mieux avec l'âge. Je n'écris pas que c'est un piquette, mais pas le grand cru escompté non plus! Quant à Scorsese et son Aviateur, reste que c'est du vol!! 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net