ON THE ROAD/SUR LA ROUTE
Sur papier
Peut-être aurais-je dû lire le roman culte de Jack Kerouac au lieu d’attendre toutes ses années (50, précisément) pour voir la version adaptée du scénariste Jose Rivera et du réalisateur de Central do Brasil et de Diaros de motocicleta, Walter Salles. J’aurais peut-être été moins déçu, mettons!
Mais c’est toujours comme ça, la relation littérature/cinéma. La plupart des amateurs de livres n’aiment pas les versions ciné et les gens (comme moi) préfèrent voir le film pour toutes sortes de raisons, dont le manque de temps à y consacrer. Un film, c’est deux heures (à peu près) dans UNE journée. Un livre, ben, ça dépend du lecteur, mais certainement pas deux heures d’une journée. Moi, j’admets aimer lire. Oui, oui! C'est vrai! Mes champs de prédilection sont la science-fiction, le thriller policier, l’horreur/fantastique (rarement indissociable) et la biographie. Parfois, je peux m’aventurer vers des genres plus, écrivons, ardus. Par curiosité. Mais la première raison pour l’ouverture d’un livre de ma part est qu’il faut que ça vienne de mon propre chef. ‘Faut pas m’forcer, sinon, le livre sera vite digéré, garanti! J’ai à mon actif, côté « classique », des auteurs comme Victor Hugo, Albert Camus, Nietzsche, Sartre, Cocteau, Artaud, Ionesco, Ibsen, Molière, Shakespeare, Pirandello, … (‘Fallut que je tourne la tête pour regarder ma bibliothèque, car les derniers noms sont de l’époque universitaire. Aaahh! Le théâtre… « Soupir »)
Pourquoi n’avais-je pas encore lu Kerouac? Il y a de ces questions plus faciles à poser. Pourtant, ma relation avec l’auteur beatnik est viscérale. Non! Pas à ce niveau. Plutôt intellectuelle. Je raconte : J’ai toujours eu la piqûre de l’écriture. Mais tout jeune, j’étais un peu délinquant (C’est la faute de mes chums de rue, bon!!) et j’étais considéré comme la « bole » du groupe. En échange de mes services pour leurs devoirs, j’avais l’opportunité de regarder le câble (On n’avait pas l’câble. Hé!) Quelques minutes de mon temps à « frauder » pour deux heures d’évasion à Super écran. Le « deal » parfait! Ensuite, vint l’adolescence et le secondaire (Mes chums de rue sont toujours dans les parages. Mauvaise influence, pfff!) L’école était secondaire, justement, mais j’y réussissais facilement, car, ben… Euh! Personne n'aime les vantards, donc passons..! Outre les myriades de dessins laissés dans les coins de pages de leçon, je faisais souvent des remarques stupides, puériles et inoffensives sur mes travaux scolaires et mes examens. Ça allait jusqu’aux « exams » du Ministère. Certains profs n’appréciaient guère, mais je passais haut-la-main, ils leur étaient donc difficile de me reprocher ces écarts de conduite, somme toute anodines. C’est à cette période que mon goût pour l’écriture s’enorgueillit. On connaît tous la façon classique de remettre une composition écrite. On fait un brouillon, puis on corrige les fautes pour finir avec un texte au propre. Malheureusement, dans mon cas… Mes vannes ouvertes, j’inondais les pages blanches pour finalement manquer de temps pour la version propre. Je devais donc me « forcer » pour être lisible sur le premier jet et, de surcroît, ne pas trop faire de fautes. Résultat? Ben, j’ai mon diplôme, non?!
Bon, j’y viens, à ma supposée relation avec Kerouac (quoique vous avez dû la deviner!)
Le cégep. Mes années hautaines et « artistiqueeeux »! Je peaufine mes connaissances en cinéma et découvre des auteurs littéraires. Évidemment, il y a toujours des travaux et des examens. Vous savez, la philosophie…??!! Ouille, les discussions de groupe. Ce n’était pas mon dada. Moi, je m’exprime par la feuille et mes enseignants ne sont pas tous compréhensifs. Mais c’est là que Kerouac et Camus m’approchent. Lors d’une remise de rédaction, dans un cours de français quelconque, je reçois ma note (bonne, bien entendu! ‘Scusez!) et une autre note qui me marquât : « Te lire est un plaisir. Connais-tu Jack Kerouac et Albert Camus? Ton écriture s’y apparente beaucoup. » Venant de ma professeure, qui n’était pas laide du tout en passant, ma fierté et ma curiosité s’éveillent. « Euh?! Non, désolé! ‘Connais pas », allais-je lui bafouiller. Comprenez bien que je ne fis ni une, ni deux et sautai sur le premier manuscrit d’un des deux auteurs, la Peste (de Camus). C’était bien, mais la jeunesse a d’autres chats à fouetter et ma passion pour le 7e était plus forte que la rédaction. J’oubliai vite ma prof et son plaisir…..… Crétin!
Mon entrée à l’université est parsemé d’aléas que je préfère taire, mais écrivons que mes deux passions ont fait place au théâtre. Ce fut la période de l’expression et l’expansion de moi. La venue de ma première fille sonna le glas de mon baccalauréat et, franchement, c’était tant mieux! Je consacrai mes efforts sur une nouvelle vie (dans tous les sens du terme!) Mais le cinéma est un copain qui s’accroche, tel le gros orteil sur une patte de chaise (Ayoye! Pas terrible, celle-là…) Depuis, la famille s’est agrandie et j’ai greffé à ma première passion la deuxième que vous êtes en train de savourer (J’me lance des fleurs. J’n’en reçois pas beaucoup. Petit snif?!)
Alors, voilà pour Jack. Kerouac, on s’entend! Je pourrais rester dans le concept et raconter le cheminement du célèbre auteur et du réalisateur qu’il a inspiré, mais je ne suis pas biographe. Je ne fais que les lire. Écrivons simplement qu’après avoir visionné On the road, qui représente LE manifeste de la beat generation, je peux mentionner que Walter Salles est dans ses pantoufles avec cette œuvre, car le road movie, il l’a bien expérimenté avec Carnets de voyage (2004). Les images sont magnifiques, langoureuses, chaudes et froides. Les grands espaces et le sexe sont des exemples caractéristiques de sa filmographie. Le casting principal est bon : Garrett Hedlund en Dean Moriarty, inspiration de l’auteur; Kristin Stewart en autre chose que Bella la vampire; Sam Riley en témoin de bouleversements sociétaires (Sal Paradise alias Jack K.); mais… Ce n’est pas pour rien que plusieurs disaient que On the road était inadaptable. Pour ne pas l’avoir lu, je peux tout de même comprendre que de transposer des émotions écrites en images est un défi difficile à relever. Encore plus lorsque l’œuvre et son auteur sont des icônes d’une génération et que celui-ci fait partie d’une clique qui peut se targuer d’avoir inventé un genre, qu’il a lui-même nommé la « prose spontanée ». Mettre en images est réduire à sa plus simple expression des émotions ressenties depuis des décennies et je crois que je vais racheter ma faute en allant chercher son plus célèbre roman.
On the road est un road movie tout ce qu’il y a de conventionnel, sauf que l’œuvre écrite de l'auteur est ce qui a inventé le genre cinématographique. Paradoxal? Non, juste normal. Trop normal… Alors qu’on sait que Kerouac voulait fuir, voire détruire les conventions. Gentil et correct, mais ordinaire. Dommage! 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net