Critique de

PIRATES OF THE CARIBBEAN : AT WORLD’S END/PIRATES DES CARAÏBES : JUSQU’AU BOUT DU MONDE

La malédiction, la suite : 3 à 0!

Le mois de mai 2007 en sera un triste dans les annales du cinéma hollywoodien. Tous les films tant attendus auront déçu et/ou n’auront atteint les objectifs (avouons-le, élevés!) des spectateurs. Spider-man et Shrek, malgré les avoirs engrangés et les suites en chantier (évidemment!), n’auront fait que passer. Pirates of the Caribbean avait donc toute grande la porte pour ravir le public… Mais la « malédiction de la troisième suite » l’a aussi frappé!!

Jerry Bruckheimer, grand bonze de l’industrie, avait fait le pari (peu risqué) de tourner les suites 2 et 3 de Pirates en même temps (question de concentrer la production et de presser le citron). Si le défi était minime pour Bruckheimer, il était de taille pour Gore Verbinski et les scénaristes Terry Rossio et Ted Elliott. Mais Dead man’s chest a su charmer petits et grands. Est-ce que At world’s end a su en faire autant? Pas du tout!! Malgré 2h48 minutes d’aventures, d’action, de péripéties incompréhensiblement démesurées, d’histoires parallèles de personnages secondaires, de caméos savoureux (Keith Richards dans son propre rôle!), bref, la recette exacte du deuxième opus, Jusqu’au bout du monde déçoit par le manque d’originalité, la longueur du récit, la minceur de l’histoire et l’unidimensionnalité des personnages. Je suis VRAIMENT déçu, étant un fervent défenseur du numéro deux comme étant le meilleur film de l’année 2006.

Le plus désagréable, c’est que Rossio et Elliott n’ont pas su reprendre les rennes correctement, se contentant de remanier leur travail précédant, parsemant par-ci, par-là des scénettes divertissantes, certes, mais inutiles au déroulement de l’intrigue principale :

Will Turner (Orlando Bloom) et Elizabeth Swann (Keira Knightley) ont pour mission de ramener Jack Sparrow des limbes de Davy Jones, une sorte de purgatoire où la folie se fait vite sentir (un bon moment de la part des multiples Johnny Depp!) Pour se faire, ils seront aidés de Barbossa (Geoffrey Rush), revenu d’entre les morts grâce à Tia Dalma (Naomie Harris), et de l’équipage du Black pearl. Entre-temps, Lord Beckett (Tom Hollander) fait joujou avec le Hollandais volant et le mandate à détruire tous vaisseaux pirates qui voguent sur les sept océans. Pour arrêter ce massacre, Sparrow et sa gang devront unir les neufs roi-pirates et faire front commun contre la Compagnie des Indes orientales. Un intermède à Singapore plus tard, ils délivreront la déesse Calypso longtemps emprisonnée sous forme humaine pour combattre Davy Jones. Une cuve de toilette (lire typhon) d’une dizaine de minutes après, les bons gagnent, sans grands dommages collatéraux.

J’ai peut-être quelque peu simplifié le récit, mais en gros, l’étincelle n’y était tout simplement pas! Verbinski a encore une fois la main heureuse pour ce qui est d’agrémenter l’histoire d’effets visuels et sonores, mais la sauce commence à coller au fond. Bien entendu, il a gardé la même équipe (ce qui comprend le compositeur Hans Zimmer, qui fait encore une fois, un excellent travail musical et la gang d’ILM pour les effets spéciaux). La plus grande faute revient aux scénaristes! Les histoires en parallèle qui étoffaient adéquatement Dead man’s chest n’ont ici que l’effet contraire, elles étirent inutilement vers une inéluctable finale hollywoodienne. De plus, Rossio et Elliott ont choisi la méthode facile et drastique que gérer certains personnages secondaires : ils crèvent!!! Papa Swann (Jonathan Pryce), Norrington (Jack Davenport), le Kraken (LA trouvaille du numéro 2)… Même Jones n’est pas l’ombre de ce qu’il était! Quant au nouveau venu Chow Yun-Fat, son personnage de vilain capitaine chinois Sao Feng a fait un Darth Maul de lui-même et meurt (littéralement) dans l’œuf!! Bref et désolant passage d’un talent gaspillé! Seul Johnny Depp se sort indemne du naufrage, avec ses inimitables mimiques!

Quant au punch du film, la déesse Calypso, elle trouve sa place dans l’invraisemblance du récit et fait partie intégrante de l’esprit de folie de Pirates des Caraïbes (trouvez qui la personnifie est enfantin!), mais son importance est inversement proportionnel à son implication à la finale hollywoodienne. Quand c’est assez, c’est « crustacé »!! (Voyez quand même le film, si ce n’est que pour comprendre mon gag poche!!)

Quelle déception que de clore la trilogie sur une note aussi vague (Ha! Ha! ‘Scusez!) L’urgence dans finir était au rendez-vous, mais pas la magie de Disney. Pirates des Caraïbes : jusqu’au bout du filon!!!! 2.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net