PROMETHEUS
Le vol de la connaissance
Prologue. Des paysages arides et désertiques. Un certain froid. Un certain néant. Des nuages et une ombre. Un lac. Une rivière. Plan large où apparaît un « homme » cagoulé près d’une chute. L’ombre se développe être une soucoupe volante typique. « L’être » se démasque pour montrer un humanoïde en « bonne » forme. Il ouvre un bol contenant une mixture bouillante. Il l’absorbe pendant que la soucoupe disparaît dans les nuages en position verticale. L’humanoïde réagit douloureusement à l’absorption. Il se désintègre en d’horribles souffrances et tombe dans la chute d’eau. Son ADN se dissout dans l’eau et se reforme au contact de celle-ci. Des « globules » se fusionnent. Et s’affiche lentement le titre. Prometheus.
Ripley… Euh??!!... Ridley signe (lapsus ici.) Nous aurons droit à grande production de science-fiction. Rares sont les films qui m’auront fait autant suer. Non pas que j’avais énormément d’attentes. Avec le temps, j'ai su me distancer d’un certain marketing viral qui pourrait, en fin de compte, créer l’effet contraire. Surtout dans le cas présent (le nombre incalculable de previews, de teasers, de fausses infos pubs...) Une semaine après le visionnement en grande première (j’avais un p’tit peu hâte, quand même!), j’eus besoin d’aide extérieure pour placer des morceaux de puzzles. Vous savez quoi? Le simple fait d’avoir à penser et repenser au contenu du film de Ridley Scott est un point positif. Comme dirait mon ami Luc (dont j’usai de son expertise, étant un grand aficionado du réalisateur), un film de science-fiction, outre les effets spéciaux, se doit de poser des questions et pas nécessairement d’y répondre. J’acquiesce jusqu’à un certain point. Il est vrai que Prometheus soulève nombre de questionnements et dessine plusieurs avenues sans vraiment les achever. Est-ce à dire que les scénaristes, Jon Spaihts et Damon Lindelof pour ne pas les nommer, ne savait pas où ils s’en allaient, seulement que Prometheus était PEUT-ÊTRE le prequel d’une série culte (Mais quelle est-elle donc, cette série?) Si on se base sur ce fait, doit-on alors faire des liens (évidents) avec celle-ci? Si c’est le cas, alors pourquoi finir ainsi? Je ne voudrai pas répondre à ces questions, c’est l’intérêt premier du film pour le spectateur.
Donc, le contenu, la base, amènerait vers ladite série. Soit. Maintenant, voyons quelques détails qui meublent cette base. Outre l’excellent prologue et le deuxième chapitre qui met en scène un des protagonistes les plus intéressants de l’histoire, l’androïde David (interprété superbement par Michael Fassbender), Scott nous présente l’équipage qui part vers l’inconnu : Un couple d’archéologues (vu précédemment découvrant des pictogrammes qui mèneront vers l’aventure), un géologue « loner », un curieux biologiste, un capitaine de vaisseau très décontracté, ses deux copilotes, une longiligne blonde frigide et l’hologramme du bienfaiteur de l’expédition. Des caractères. C’est là où le bât blesse! Ces personnages, hormis David et Elizabeth Shaw l’archéologue (jouée avec conviction par Noomi Rapace), ne sont que des ombres, des archétypes de rôles. Chaque action entrepris par ceux-ci ne fait que créer un gouffre entre eux et le spectateur. Aucune psychologie n’émane de ces rôles stéréotypés.
Par contre, on peut se fier à sir Ridley Scott pour pallier à ce (gros) détail. Visuellement, Prometheus est de la trempe des grands œuvres fictionnelles. Autant du point de vue technique que philosophique. Car ce n’est pas parce qu’il contient des pions que nécessairement leurs questions ne sont pas de circonstance. Scott, Spaihts et Lindelof peinturent la production et nous mènent par le bout du nez jusqu’au final qui, personnellement, m’a laissé sur ma faim (et une certaine frustration). S’assument-ils ou non? Malgré l’ouverture vers d’autres aventures, c’est l’épilogue qui laisse pantois, car un certain personnage ne se trouve pas là où il devrait!! Tout le reste et j’écris bien tout, désigne une certaine série (oui, oui! Je sais que vous savez, mais… Pour le plaisir d’un petit mystère!)
J’ai souligné plus haut le faible apport des rôles secondaires à l’aventure, mais cela ne veut pas dire que les acteurs les interprétant sont indignes. Idris Elba et Charlize Theron, respectivement capitaine et pourvoyeuse, sont solides dans leur unilatéralité. Pour ce qui est de Sean Harris et Rafe Spall, jouant le géologue et le biologiste, ce sont eux deux les pires représentations de la science. Les séquences les mettant en scène sont laborieuses niveau approfondissement intellectuelle. Et il y a Michael Fassbender et Noomi Rapace! Le robot et l’héroïne. Deux rôles que semble affectionner tout particulièrement le cinéaste, car sont eux qui apportent le plus à l’ensemble (avec les images à couper le souffle, bien entendu! Mais on ne s’attendait pas à moins de la part de sir Ridley Scott). Chaque action de l’un mène à une réaction de l’autre. La raison versus la spiritualité. Le gros bon sens versus la logique. La chair et la machine. Grâce à ces deux rôles, Prometheus se sauve du naufrage intergalactique. C’est grâce à ces deux personnages que ce prequel, nommons les choses comme elles sont, tient la route.
Ai-je aimé? Oui! Sans l’ombre d’un doute. Mon chummie Luc a raison! Les questions soulevées me permettent de mettre en perspective la production. Oui, il y a des lacunes scénaristiques. Mais sinon, Prometheus respecte l’œuvre débutée il y a 33 ans déjà. Et contrairement à d’autres prequels que nous ne titrerons pas (n’est-ce pas, George!?), Prometheus peut se targuer d’être un bon divertissement en soi, sans l’apport du passé cinématographique.
P.S. : Pourquoi le « vol de la connaissance »? Ben voyons! Vous ne connaissez pas votre culture grecque? Quant à « vol », il a un double sens que je lègue aux scénaristes!!!!!! Ggrrr##$/%/$%?%$%%**&&)(&%%$##............. 3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net