Critique de

RED/R.E.D.
Rigoureusement, Extrêmement…

…  Décevant!  Voilà l’émotion qui m’envahit tout au long du visionnement de la dernière œuvre de Robert Schwentke, un réalisateur sans grande signature visuelle (Flightplan; Time traveler’s wife).  Pourtant, tous les éléments y étaient pour une épopée comico-fantaisiste :  des acteurs de talent (Willis, Freeman, Malkovich, Mirren, Urban, Dreyfuss), une histoire abracadabrante (des espions retraités reprennent du service après qu’un des leurs soit sorti indemne d’une tentative d’assassinat), des scènes enlevantes (sur papier)…  Qu’est-ce qui cloche?  Le surplus de confiance face à tant d’ingrédients, j’imagine, ce qui donne une production tournée machinalement, sans saveur, où la plupart des punchs comiques tombent à plat (quand ceux-ci sont soi-disant drôles, s’entend!)

Adapté d’une bande dessinée de DC comics des créateurs Warren Ellis et Cully Hamner, les scénaristes Jon et Erich Hoeber ont réduit à sa plus simple expression la fomentation politique qui entoure l’intrigue pour bifurquer sur LA vedette aux états d’âmes boiteux.  Bruce Willis, qui a fait mieux dans le genre comédie, reprend les grosses lignes de ses personnages de « fier-à-bras d’à côté » (à la John McClane) et se contente de sourire à la caméra.  En fait, Schwentke, devant tant d’artistes d’envergure, semble figer comme devant les lumières d’un dix roues et le dit-dix roues (aka les gros noms) font du dérapage d’un vide sidéral.  Le plus déplaisant est de voir John Malkovich et Helen Mirren tenir des bombes et des fusils sans conviction, encaissant le chèque de paie avec presque du dédain.  Il ne semble accorder aucune crédibilité à leurs rôles de tueurs froids et calculateurs hyper-expérimentés.  Quant à l’intégration d’une amourette dans ce fouillis pour « alléger » le sujet ne fait, en fait, qu’embrouiller encore plus le récit qui, p-o-u-r-t-a-n-t, est loin d’être compliqué!!  Mary-Louise Parker, qui interprète la nouvelle flamme du héros, joue le rôle tant utilisé depuis des décennies dans ce type de production, c’est-à-dire le plantureux végétal sans consistance. 

J’aimerais vous résumer l’histoire, mais ce serait y mettre trop de mots pour rien.  La BD devait être excellente graphiquement et textuellement pour qu’Hollywood y accorde un œil.  La CIA, le gouvernement, la paranoïa du Big brother, les relations du troisième âge, la mitraille…  Ça fait très cinéma et c’est ce que Schwentke et les Hoeber ont fait littéralement, une transposition linéaire.  Il y a bien un semblant de tentative d’élaboration graphique, un semblant d’hommage à l’œuvre dessinée par l’utilisation de plans fondus, mais ils sont si peu perceptibles que la plupart passe dans le beurre.  On est loin du Kick-Ass de Matthew Vaughn, mettons!  Même la subversive réinterprétation de chansons connues pour appuyer certaines scènes ne réussit pas à approfondir  le ridicule du moment. 

Non, RED (pour Retraités Extrêmement Dangereux) ne remplit aucun de ses mandats.  On n’y rit que peu de fois, on n’y est absorbé par l’intrigue qu’au début du plan machiavélique(ment peu tordu, malheureusement!) et au final, on soupire de déception devant le gâchis.  Longuement bofff!  2/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net