Critique de

RUSH
Moraliste

Les amateurs de Formule 1 seront visuellement bien servis, Ron Howard (Cinderella man; Da Vinci code; a Beautiful mind; Backdraft) a tourné les scènes de championnats au plus près de la piste (sinon dans le cockpit des pilotes) pour donner une impression de vitesse qui permet à Rush de se distinguer des autres productions du genre.  Un autre plus pour le film est la notion historique, le récit s’attardant sur la rivalité qu’il y eu entre l’Anglais James Hunt et l’Allemand Niki Lauda en 1976, ce qui agrémente superbement la production.  Quand on s’y arrête et qu’on regarde ce que Howard et le scénariste Peter Morgan nous présentent, leur différend compétitif relève carrément du domaine hollywoodien, surtout quand on apprend ce que Lauda a dû subir (un terrible accident qui l’a laissé défiguré à vie, mais le coureur est revenu à la compétition à peine 40 jours plus tard!  Sans oublier le dernier championnat au Japon…)

Mais Rush manque de subtilité, à moins que cela soit le concept de Morgan!?!  La production commence avec une narration lourdaude et la présentation caractérielle des deux compétiteurs.  Hunt est un fêtard, trompe-la-mort et coureur de jupons;  Lauda est un perfectionniste, arriviste, « stiff »!!  Les deux opposés.  Mais une fois les présentations faites (qui ne durent tout de même pas trop longtemps), on entre dans le vif du sujet et les « quatre roues devant ».  Ils nous montrent pratiquement l’intégralité de la saison ’76 ou, à tout le moins, les faits saillants de chaque course.  Morgan tente une approche humaine avec ses deux protagonistes, mais sans plus et c’est là que le bât blesse.  Il ne parvient pas vraiment à nous les rendre sympathique.  Ce sont d’extraordinaires machines à courir, mais le scénariste peine à insuffler autre chose et ce, même s’il montre des aléas extérieurs des deux pilotes (surtout leurs femmes respectives).  Hunt/Lauda ne sont, dans Rush, que des monstres de courses.  L’Histoire a parlé par elle-même, la saison ’76 en fut une grande de défi, autant pour les pilotes que pour les amateurs.  Mais pour les néophytes, cela reste de la course.  Du très bon divertissement, mais de la F1 tout de même.  On aime ou pas! 

Mon problème, tout personnel, est que je m’attendais à plus de la part du scénariste de Frost/Nixon, the Queen et Last king of Scotland.  Quelque chose d’un peu plus recherché psychologiquement.  Nos héros principaux ont des égos énormes, une rivalité palpable, des problèmes personnels, mais Peter Morgan reste en surface.  Howard parvient en partie à pallier au problème scénaristique en montrant de superbes séquences de championnats, mais ce sont les deux hommes qui intéressent avant tout.  Enfin, pour ma part!  Les deux acteurs, Daniel Brühl et Chris Hemsworth, sont excellents, mais n’ont pas les ressources nécessaires pour amener le récit au-delà de la course.  Ils font de bons rivaux, mais d’ordinaires vedettes hors-piste.  De plus, pour revenir sur le cas de Morgan, outre le prologue explicatif, il y a la morale à « deux cennes » en finale, une dernière rencontre entre les deux grands qui se résume à deux stupides phrases :  « Amuses-toi un peu » et « fais attention à toi » (À vous d’associer les deux répliques aux bons coureurs.  Beuh…!!)

Sinon?  Rush reste un film rythmé (j’espère ben!), maîtrisé, léché et intéressant par son sujet de duel.  Le non-amateur que je suis fut tout de même diverti, mais pas sustenté.  3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net