Critique de
Sherlock Holmes
Élémentaire!!
Cela doit bien être le film le plus accessible que Guy Ritchie nous aie concocté à ce jour. Les nouvelles, t-r-è-s nouvelles, aventures de Sherlock Holmes n’arrivent certainement pas à la cheville des Snatch et Lock, stock and two smoking barrels du réalisateur, mais reste que cette production surprend agréablement par le traitement qu’en ont fait les scénaristes (Michael Robert Johnson, Anthony Peckham et Simon Kinberg). Si on se fie aux informations entourant cette nouvelle mouture, les artisans se seraient rapprochés beaucoup du personnage créé par sir Arthur Conan Doyle que de la fameuse série british de 1984-1985, où le détective était interprété par Jeremy Brett, un rôle qu’il a rendu avec distinction, classe et raffinement. Avec SH 2009, le personnage que joue Robert Downey jr. est à la limite de l’asocial, prétentieux, vaniteux, extravagant, presque agoraphobe. Ritchie réussit à l’humaniser grâce à une caméra frondeuse, scrutatrice des efforts louables de contacts humains et en faisant confiance à son acteur (sur le retour depuis Iron man. Merci Iron!!) Downey jr. est magnifique! Tout simplement! Évidemment, donnons une main d’applaudissements à son alter ego, son double, sa moitié, le Dr. Watson joué avec entrain et amusement par Jude Law. Les deux font littéralement la paire! Une chimie palpable s’est installée sur le tournage et transparait sur l’écran. Un duo rare, qui nous rappelle que les « buddy movies » ont commencé sur papier, bien avant Certains l’aiment chaud, Cheech & Chong ou Lethal weapon!!!
Ne connaissant que peu les aventures littéraires de Doyle, j‘avoue ma stupéfaction de voir à l’écran un tel personnage, à la limite de la misogynie. Par contre, je suis heureux de retrouver cette bonne vieille logique qui se confronte à l’occultisme, l’irrationnel et le mystère, des éléments qui ont toujours faits les beaux jours de l’héroïque duo. L’histoire se passe dans le Londres de la nouvelle ère industrielle, une époque sale, grise, matérialiste (la fin du XIXe) et Sherlock conclue une enquête en faisant arrêter Lord Blackwood (noir Mark Strong), un meurtrier adapte de la magie noire. Après sa pendaison, Holmes et Watson seront amenés à reprendre l’enquête, par l’entremise d’une ancienne flamme du détective, la ravissante et dangereuse Irene Adler (Rachel McAdams), car tout laisserait croire que leur ennemi serait revenu d’entre les morts, ce que le mystérieux client d’Adler voudrait élucider et Holmes aussi, pour l’intégrité professionnelle de son ami, qui l’avait déclaré décédé! Le trio découvrira un complot beaucoup plus grand qui mettrait en péril la population entière de la capitale anglaise.
On reconnaît la touche Ritchie : une caméra nerveuse, un montage serré, de l’action au ralenti, un scénario empreint de cynisme, d’humour et canonnant des perles à en faire décrocher la mâchoire (Merci encore pour l’interprétation du duo principal!) Mais la surprise vient de l’application que le réalisateur a eue face à la lumière, aux décors et aux costumes. Tout respire la malpropreté, grâce aux soins des artisans, Philippe Rousselot en premier. Le directeur photo n’est pas un nouveau venu dans le domaine (Interview with the vampire; Big fish; Charlie and chocolate factory; Henry & June; Tailor of Panama) et ici, il éclaire et signe! La reconstitution historique est indéniablement marquante et convaincante. Tout comme la musique d’Hans Zimmer, qui respire l‘ère du temps, mais avec un soupçon de modernité, tout comme la nouvelle époque qui se façonnait.
Ces nouvelles aventures méritent amplement la fin ouverte que les scénaristes ont laissée, car on espère entendre de la bouche du célèbre détective : « Élémentaire, mon cher Watson! » dans le second opus qui viendra, soyez-en assurés! Cette production est trop réussie pour mourir ici, foi de Moriarty!!! Héhé!! 3.5/5 MINIMUM!! par François Gauthier cinemascope@deltar.net