SIN CITY/UNE
HISTOIRE DE SIN CITY
L'Amour dans tous ses états
Quoi de mieux pour
finir une fin de semaine en beauté que de siroter un
brandy tout en écrivant une critique sur un film dont
je suis tombé éperdument amoureux? Faire l'amour
à ma femme? Regardez mes filles dormir? Tirez le schtroumpf
qui m'a donné injustement un ticket? (....) Ne vous
inquiètez pas pour le dernier, je veux juste vous mettre
dans le contexte d'une oeuvre qui fera date (à tout
le moins dans la carrière de Robert Rodriguez, qui
signe ici son film le plus achevé, le plus personnel
(!) et le plus sanglant à ce jour) C'est un film hors-norme,
qui défie les conventions et visuellement pétaradant!
Pour ceux qui connaissent un tant soit peu Frank Miller, Sin
city est une BD qui fait insigne de phare dans le 9e art,
un comic à des années-lumière de ce que
nous connaissons: violent; sombre, voire noir; déjanté;
lyrique. C'est pas Frisinette!!
Le film nous présente
3 histoires entrelacées de l'auteur: the Hard goodbye,
the Big fat kill et That yellow bastard. 3 histoires d'amour,
sale et sans issue. Nous y retrouvons le détective
pré-retraité Hartigan (Bruce Willis) qui veut
sauver Nancy, une fillette de onze ans prise entre les mains
d'un fils de riche psychopathe (Nick Stahl) La deuxième,
nous découvrons Marv (Mickey Rourke), une brute épaisse
qui veut venger la mort de son seul amour. Et finalement,
il y a Dwight le bon gars (!) (Clive Owen) qui veut aider
les prostituées contre les flics pourris (dont Benicio
del Toro).
S'il y en a qui me
reviennent en me disant que c'est un film à l'enrogage
sanglant et criant, mais,sous la coquille,semble vide, je
risque moi aussi d'être comme les personnages de la
ville aux milles péchés: vite sur la gâchette!!
C'est tout simplement se laisser aveugler par les images et
ne pas voir au-de là. Des images d'ailleurs É-P-O-U-S-T-O-U-F-L-A-N-T-E-S.
L'idée de Rodriguez et Miller de transfigurer littéralement
la bande dessinée à l'écran, c'est jouissif!
On ne feuillette plus, on n'attend plus la petite clochette
pour tourner la page... Vive l'informatique, on n'a qu'à
regarder et baver. Mais pour revenir à nos moutons
(je "m'épivarde", désolé. Mais
j'ai tellement trippé!), les récits sont, à
la base, de simples histoires d'amour: une brute pour son
ange; un gars pour sa pute; un flic pour l'enfant qu'il n'a
jamais eu. De plus, par la bande, Miller y inclut (toujours
avec l'aide du scénariste Rodriguez) l'amour filial
et l'amour "chummie". Non pas que j'ai la science
infuse, loin de moi cette idée saugrenue (en tout cas...!!),
mais il y aussi tout cela à travers les scènes
sanguinolentes et les seins protubérants!!
Il est vrai que Sin
city ne fait pas dans la dentelle! Mais c'est tout à
l'honneur des deux artistes que d'avoir transposer une telle
violence de cette façon: pour nous détacher,
nous aider à garder les deux pieds sur terre. "CE
N'EST QU'UN FILM, NE L'OUBLIEZ PAS", semblent-ils dire!
Une interprétation de la réalité d'une
ville paumée, où une lueur d'espoir plane toujours
au-dessus, mais où la liberté s'achète
à gros prix! N'est-ce pas cela que doit être
le cinéma? Une oeuvre personnelle qui raconte une histoire
tirée de l'imaginaire, mais toujours puisée
à même nos vies, à petite ou grande échelle?
Mais pourquoi suis-je
sur la défensive? Peut-être parce que c'est du
jamais vu, que c'est hors piste, que c'est nouveau. J'ai vu
le film avec Dany et il m'a parlé de Sky captain...
Oui, c'est une bonne référence! Sin city est
un hommage au film noir des années '50, comme l'a été
Sky captain... pour le sci-fi des années '30. Une histoire
de Sin city est peut-être même le début
du nouveau film noir?! Le néo-film noir? Dans mon cas,
j'achète! Nous vivons à une époque où
il n'y à plus rien pour se rattacher, où les
idéaux tombent comme des mouches. Voici une "image"
de ce que nous vivons, de ce que nous regardons, de ce que
nous mangeons à chaque jour... Une carte de visite
pour les générations à venir!
Étant donné
que ce n'est pas une thèse que j'écris, mais
une critique (vendue!!), je terminerai en disant que Sin city
mérite d'être vu juste pour le plaisir et l'intensité
qu'ont démontré toute la distribution SANS exception.
Outre Willis, Rourke (qui relance sa carrière!) et
Owen, il y a tout ce beau monde: Jessica Alba, Powers Boothe,
Carla Gugino, Elijah Wood, Rutger Hauer, Michael Clarke Duncan,
Rosario Dawson, Benicio del Toro, Michael Madsen, Devon Aoki,
Jaime King, Brittany Murphy,Nick Stahl et Frank Miller (en
prêtre!)
Bien entendu, je tiens
tout de même à vous avertir que ce n'est pas
pour les coeurs sensibles. Mais ne gâchez pas votre
plaisir à cause de cela, ce film est un tout, je dirais
même un "must"!
Je suis ébranlé,
mais ça, vous avez dû le constater depuis quelques
paragraphes déjà... 4.5/5 (la perfection n'existe
pas, mais...) par François Gauthier cinemascope@deltar.net