Critique de

SLUMDOG MILLIONAIRE/LE POUILLEUX MILLIONNAIRE

Déstabilisant

Je l’ai vu une semaine avant la 81e cérémonie des Oscars, à cause, principalement, du nombre impressionnant de nominations (10).  Pour un film sans vedette, ni « véritable » budget, c’est une surprise!  Évidemment, suite aux nombreuses récompenses (dont 8 Oscars), quelques théories ont voulu démonter le film de Danny Boyle et Loveleen Tandan, la plus «sensée » étant que la production serait une porte vers un marché peu exploité par Hollywood, l’Inde.  Le pays de l’hindouisme n’a pas besoin des productions américaines pour se divertir, se suffisant amplement (l’Inde est le plus gros producteurs de films au monde, de là Bollywood!!) et cela doit fatiguer quelques gros bonnets!!  Mais malgré cette hypothèse, Slumdog millionaire est en soi un excellent film et mérite tous ses prix. 

Je ne suis pas un fervent admirateur du réalisateur anglais, mais force est d’admettre qu’il travaille fort pour se dépasser et se réinventer.  Il touche à tous les genres, avec beaucoup de talents (Trainspotting; 28 days later; the Beach (son moins réussi!); Sunshine; Shallow grave; Millions) et j’admire cette témérité.  Avec Slumdog…, il touche à un sujet tout ce qu’il y a d’universel :  l’humain!  À travers le jeune Jamal Malik (joué admirablement par Dev Patel), on regarde les méandres du cœur et de l’amitié s’entremêler, se briser, se chercher, se trahir, tout comme on vit un suspense sur une soi-disante supercherie à un jeu questionnaire (How to be a millionaire), pour une finale bollywoodienne digne des plus quétaines productions indiennes (sans mesquinerie!  C’est juste pas regardable, ces films-là!  Autres cultures!  En tout cas…)  Mais l’hommage qu’a fait Boyle à la culture indienne est de bon goût et reflète le respect qu’il a pour le peuple et le roman de Vikas Swarup (adapté par Simon Beaufoy).  Plus qu’un simple thriller exotique, Slumdog… brise les clichés sur le pays de Gandhi en montrant une société vivant le millénaire comme le reste du Monde.  Fini les vaches sacrées courant les rues; toutes les femmes voilées avec un point dans le front; les Khrisnas régissant le peuple…  Ces images s’y trouvent et font partie intégrante de l‘Inde, mais on y voit aussi la mafia locale; une police « juste »; des jeunes vivant leur jeunesse…  Mes préjugés en ont pris un coup et c’est tant mieux! 

L’Inde est plus qu’une carte postale et Danny Boyle, aidé par Loveleen Tandan, en a montré un autre versant, à commencer par la musique de A.R. Rahman.  Le compositeur a su mêler la musique traditionnelle à un électro pop à jour et les pièces de Slumdog millionaire sont accrocheuses et raffinées, s’ancrant dans la mémoire pendant un petit bout d’temps (j’en fredonne encore, tsé!  Jai hoooooo….  Hé! Hé!)  Tout comme la distribution, d’un naturel et d’une beauté simple (lire Freida Pinto, prochaine muse de Woody Allen), ils sont solides dans leur sobriété, ne jouant pas leurs personnages, mais les vivant vraiment! 

Le Pouilleux millionnaire est une nouvelle mouture de David contre Goliath, où un jeune montre la persévérance de son amour, à travers des flashbacks mariant une Inde moderne à la tradition hindou.  D’un goût sûr, comme un bon vin!  Laissez le respirer et il s’imprègnera délicatement, avec subtilité!  Bravo à Danny Boyle pour une autre expérience réussie!!  4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net