STARBUCK
Drame bovin
S’inspirant librement du célèbre taureau qui a engendré des centaines de rejetons (« Môôsieur était efficace! »), l’auteur derrière l’excellente comédie la Grande séduction a tourné une comédie beaucoup plus existentielle qu’elle ne laisse paraître aux premiers abords. Aidé de son ami et collègue des Bizarroïdes, Martin Petit, au crayon, Ken Scott fait montre d’une maestria sur la décortication de l’âme humaine. Tel un chirurgien ou devrais-je écrire un boucher, comme la famille du « zhéros » (subtile référence à la bête), Scott exploite les faiblesses de son personnage pour mieux le faire grandir.
Adolescent, David Wosniak a fait don de sperme pour permettre à ses parents de faire leur voyage de noces toujours reporté. Cet argent, si facilement gagné, lui servirait bien maintenant, car ce grand adulescent qu’est devenu ce fils de boucher cumule les dettes et les ennuis. Des « goons », ses ingrats de frères, sa blonde enceinte et maintenant 533 jeunes adultes lui font la gueule! Mais David veut reprendre sa vie en main et son nouveau but dans l’existence est de montrer qu’il est capable de changer… pour le mieux??!!
Scott, qui réalise aussi le film, manie magnifiquement toutes les avenues qu’il explore et jamais il n’en laissera une au profit d’une autre. Le point central, David Wosniak grand irresponsable devant l’Éternel, forme le pivot qui permet aux deux scénaristes de développer plusieurs facettes d’une histoire en principe toute simple, quoiqu’impossible. La beauté du cinéma, quoi!! Sans jamais souligner, Scott/Petit aborde la paternité, l’enfance, la justice, la famille, l’handicap, le matérialisme, l’amour par des séquences subtilement écrites et souvent humoristiques. Un grand merci à leur interprète principal. Patrick Huard s’efface derrière ce grand flanc mou au cœur débordant. Jouant généralement des caractères forts, Huard réussit à humaniser ce rôle plus grand que nature qu’est cet homme à la petite semaine qui a donné vie à de beaux enfants, des extensions de lui-même.
Intelligent, drôle, émouvant et souvent juste, voire crédible (même si cela semble invraisemblable), Starbuck est une vraie comédie dramatique. Ken Scott et Martin Petit ont compris que pour faire un bon divertissement, il fallait passer par un rôle fort et étoffé qui sera supporté par un acteur solide. La réalisation n’est pas des plus éclatantes, mais elle recèle l’essentiel, c’est-à-dire d’humanité. UN VRAI COUP DE CŒUR!!! 4/5 minimum par François Gauthier cinemascope@deltar.net