Critique de

SUR LA PISTE DU MARSUPILAMI
Houba?  Houbof!

Mais quelle décevante et puérile adaptation d’un de mes personnages dessinés préférés.  Honnêtement, jusqu’à une semaine avant sa sortie en salle, je n’avais jamais entendu parler d’une production tournée autour du marsupilami.  Mais comme d’hab, j’me suis fait avoir par les bandes-annonces!!!

Eh bien, à défaut d’avoir une bonne histoire dans le film, je vais vous raconter celle du célèbre animal jaune.  Connaissez-vous Spirou et Fantasio?  Le penchant plus rythmé, mettons, de Tintin le reporter?  Tout commence en 1938 alors que l’éditeur Jean Dupuis demande au dessinateur Robert Velter, dit Rob-Vel, de créer un personnage pour son Journal de Spirou.  Rob-Vel créera un jeune groom roux plaisantin qui amuse un hôtel, qu’il appellera Spirou (Ben quin!)  En 1943, à cause de la Deuxième Guerre Mondiale, le dessinateur s’y enrôle et laisse les rennes du personnage à Joseph Gillain, dit Jijé.  C’est grâce à ce dernier que Fantasio naîtra, pour contrebalancer le côté lisse et chaste du héros.  Un faire-valoir comique, en somme, qui deviendra vite le meilleur ami de Spirou.  En 1946, Jijé, qui aimerait prendre un peu l’air, cède ses personnages à ses collègues du Journal.  Spirou et Fantasio sont légués à André Franquin, qui s’était déjà fait les dents sur une première aventure (le Tank, publié dans l’Almanach Spirou 1947).  La deuxième aventure, la Maison préfabriquée, était déjà entamée par Jijé, mais Franquin reprit les choses en main.  À sa façon!  S’en suit plusieurs courtes histoires qui verront apparaître de succulents personnages secondaires (dont le Comte de Champignac, le cousin Zantafio, le savant fou Zorglub et…)

Dans le quatrième album, Spirou et les héritiers (1952), Franquin envoie nos héros étudier et capturer une énigmatique bête en Palombie (pays fictif d’Amérique du Sud), le marsupilami.  C’est la consécration!  Décrit comme un mammifère ovipare, affublé d’une queue de huit mètres de long, se nourrissant principalement de petites noix, de puces et de piranhas, au contact de nos héros, il apprendra le rire et la parole (du moins, quelques mots.)  L’animal ne se séparera pratiquement plus d’eux pendant 19 albums.  Mais en 1969, Franquin est lassé et en brouille avec Dupuis et laisse la place au jeune Jean-Claude Fournier.   Dans cette nouvelle aventure sous les ordres de Fournier, la Faiseur d’or, Franquin accepte de collaborer et fait apparaître sa création, mais ce sera pour une dernière fois, ce dernier préférant se consacrer à un autre personnage de sa confection, Gaston Lagaffe. 

Ce n’est qu’en 1987 qu’André Franquin se décide enfin à faire revivre le marsupilami (outre quelques petites historiettes par ci, par là).  La Queue du marsupilami, aux éditons Marsu productions, est entièrement dessiné par le jeune Batem, que Franquin considère apte à reprendre l’esprit de sa création.  Mais il n’est jamais trop loin, scénarisant les neuf premières aventures de l’animal (qui en compte maintenant 24).  En 1994, Marsu productions cède les droits de l’animal à Disney qui en fait une série animée plus ou moins convaincante.  Franquin n’est plus dans le décor (il meurt le 5  janvier 1997).  Puis le 18 mars 2000, le marsupilami revient sur le petit écran pour quatre saisons totalisant 104 épisodes, où des humains, généralement amicaux, interagissent avec lui.  Les séries animées sont toujours diffusées sur les écrans francophones à ce jour.

4 avril 2012.  Alain Chabat, grand enfant et amateur de BDs, voit enfin un rêve se réaliser : faire un film sur un de ses personnages favoris.   Grâce au succès critique et public d’une autre adaptation (Astérix et Obélix : mission Cléopâtre.   2002), celui-ci refait équipe avec le comédien Jamel Debbouze pour les premiers pas au grand écran du célèbre animal jaune de Franquin.   Scénarisant, tournant et jouant dans le film, Chabat… rate le coche!  L’aventure, trop enfantine, ne lève  pas, autant au niveau des gags (souvent primaires, voire scatologiques) qu’au niveau du rythme en dent de scie.   Les références à Franquin sont nombreuses et souriantes (le costume vert du biologiste Hermoso, joué avec énergie par Fred Testot;  le logo du régime tyrannique; le fait que Chabat interprète un journaliste, ce que Spirou et Fantasio furent un temps; la Palombie…  Évidemment!)  Mais au moins, l’animal en soi est superbe et loin d’être dénaturé.  Les fans de la première heure seront contents de voir à l’écran le nid, les œufs, les manies de l’animal, mais l’ensemble visuelle plonge le marsupilami dans le ridicule. 

Voilà!  Le dernier paragraphe aurait pu être une critique en rafale, mais c’était sans compter mon amour pour le travail d’un des plus grands dessinateurs belges du siècle et tout son apport artistique au 9e art.  Le 7e, lui, survivra à cette incartade…  2/5 par François « Bouha, bouha » Gauthier cinemascope@deltar.net