Critique de

THE ADVENTURES OF TINTIN/LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE
Âme de Jones

D’entrée de jeu, oubliez le Boréale express et autres Mamans pour Mars, le film de Peter Jackson et Steven Spielberg les fait passer pour des amateurs.  L’adaptation qu’en ont faite ces artistes est tout simplement stupéfiante.  Pourtant, je ne suis pas un fan du célèbre reporter.  Si je l’ai vu, en premier lieu, c’est parce que c’était « gratos » (eh oui!  Honte!)  Deuxio, c’est tout de même une équipe de premier plan qui se trouve derrière ce projet.  Ça ne pouvait donc pas être mauvais.  Peut-être ordinaire ou décevant, mais pas mauvais.  Et c’est loin d’être le cas! 

J’ai quand même fait mes devoirs suite au visionnement, me replongeant dans les œuvres empruntées à mon paternel (plus grand fan que moi) qui furent adaptées pour le besoin:  le Crabe aux pinces d’or, le Secret de la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge.  Par la suite, je me suis replonger l’oreille dans les trames sonores des films en action réelle le Mystère de la toison d’or et les Oranges bleues, en plus du Lac aux requins et la série animée du début des années ’90 (J’vous l’dis, j’me suis donné!)  Tout ça pour quoi?  Pour constater que les précédentes œuvres font figure de reliques.  L’auteur belge Georges Rémi alias Hergé serait fier du travail accompli, son personnage n’ayant pas perdu de son essence lors du transfert. 

Mais quelle beauté plastique!  Quelle fluidité!  Que de détails!  C’est évidemment ce qui saute aux yeux en premier!  Tout comme l’esprit gardé intact des personnages.  Aucune édulcoration.  Certes, l’aventure y est très présente, le souffle d’Indiana Jones frisant les cheveux de Tintin.  Mais les scénaristes Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish ont respecté pratiquement à la lettre les trois œuvres susmentionnées.  Bien entendu, quelques coupures ou ellipses furent de mise, mais la concision du projet et l’entrain mis par toute l’équipe transpire abondamment pour notre plus grand bonheur.  On voit tout de suite que Spielberg a l’âme d’un enfant et chaque image est un hommage à l’œuvre d’Hergé.  Plusieurs scènes sont pratiquement des copier/coller des BDs (le crash de l’avion; l’apparition du vaisseau la Licorne).  Pour la petite histoire (et ceux qui ne le savent pas encore), le cinéaste s’intéresse à Tintin depuis 1981, alors qu’un critique référait son film les Aventuriers de l’Arche perdue au travail de l’auteur belge.  C’est à ce moment que Spielberg s’est mis à la lecture!  Et c’est pourquoi il y a un retour de balancier.  C’est Tintin qui a inspiré Indy (inconsciemment!)  Quant à Peter Jackson, c’est la bonne vieille méthode (comme nous tous, d’ailleurs!)

Comme je l’ai mentionné, les aventures de Tintin (les bandes dessinés) ne m’ont jamais vraiment fait vibrer.   Je le trouvais trop statique et trop verbeux.  Mais Tintin est comme le bon vin, il vieillit bien avec l’âge (sauf les premières moutures, c’est-à-dire « en Amérique » et « au Congo ».  ’D’un gênant racisme.  Mettons la faute sur l’ignorance.)  Mais cette adaptation devrait remettre les pendules à l’heure et redorer le blason du reporter.  Je ne dis pas que le jeune public s’intéressera aux BDs, mais la vieille clique devrait beaucoup apprécier, une vielle clique qui est difficile à sortir de son salon.  Mais c’est cette même vieille clique qui a mis Indiana Jones sur un piédestal, adulant les prouesses, les trouvailles et les répliques du célèbre archéologue.  Tintin a le même aura (et la même musique.  Héhé!!!)  John Williams, l’incontournable compositeur et fidèle collaborateur du Golden boy (Hey!  Le surnom de Spielberg l’identifie à la chevelure de Tintin??!!  « Cute »!  ‘Scusez…) nous prend par la main et nous ramène en terrains connus avec des airs épiques, des thèmes reconnaissables et j’écrirais même un certain hommage (surtout concernant la série animée ‘90!)

Quant à la distribution vocale (et graphique, car c’est du « motion capture ».  Les p’tites suces, tsé!), je vous conseille de le voir en français. Non pas que la version anglaise soit mauvaise, bien au contraire!  Capitaine Haddock, interprété par Andy Serkis, est vraiment fidèle à l’icône, mais…  C’est un personnage français (b-e-l-g-e, je sais!) et Haddock a des onomatopées, écrivons, assez singuliers!  Ayant grandi avec les « Bachi-bouzouk », « Mille million de mille sabords de tonnerre de Brest » et autres « Anthropopithèque », la version anglaise est moins colorée.  Tout comme les Dupont et Dupond qui deviennent les Thompson et Thomson (joués respectivement par le duo derrière Hot fuzz et Shaun of the dead, Simon Pegg et Nick Frost).  Même Milou change de nom pour Snowy.  Disons que mon héritage auditif en a pris un coup!  Mais ces petits détails linguistiques n’ont pas du tout brimé l’engouement et le rythme du travail des artisans. 

Les Aventures de Tintin sera un excellent choix pour toute la famille, mêlant judicieusement action, comédie et hommage.  Superbe!  Indiana Jones 5? Non!  Tintin 1.  Viendra ensuite la vision de Jackson…  Oooouuuhhhh!!  On ne se peut plus d’attendre.  4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net