THE DARK KNIGHT RISES/L’ASCENSION DU CHEVALIER NOIR
Épique conclusion
Pourquoi ne puis-je me rendre à l’évidence que j’eue affaire à une production d’un calibre inégalé? Qu’est-ce qui me pousse à chercher l’aiguille dans la botte de foin alors même que ce « foin » m’a fait passer trois des plus belles heures de l’année 2012 (2h44min pour être exact)? Je sais reconnaître la qualité, mais je ne puis me convaincre que la perfection cinématographique n’existe. Certes, des œuvres tels Citizen Kane, Birth of a nation, Casablanca, Sunset boulevard, 2001, Apocalypse now, the Godfather, pour n’en nommer que quelques-uns, auront marqué le 7e art d’un sceau d’exception. Plus de 100 ans après la naissance du cinéma, il existerait encore des artistes capable de surprendre et bien plus?
Quatre années d’attente! 1461 jours (ya une bissextile!) qui ont fait monté les appréhensions à un inquiétant niveau suite au succès critique et public du second opus. The Dark knight avait transcendé les genres et feu-Heath Ledger avait convaincu l’Académie des Arts et Sciences qu’un rôle de vilain dans un film de superhéros pouvait être le rôle d’une vie éternelle (lire critique the Dark knight). Était-ce trop demandé au réalisateur Christopher Nolan et à ses collaborateurs de dépasser ce qu’ils ont eux-mêmes établi?
« RISES »!!!! Quel titre approprié. Même la traduction française, au départ quelque peu répulsive, démontre l’intelligence de ses artisans. Il faut savoir grimper. Toujours partir du bas de l’échelle et monter. Ce qui est fait est fait et ne peut servir que d’outils pour construire quelque chose de meilleur, si les artisans savent les utiliser. Christopher Nolan est un charpentier hors pair. De plus, son respect pour l’œuvre dessinée et les nombreux amateurs la lisant prouve qu’il aime ce qu’il fait. Ce n’est pas qu’un simple façonneur de rêves. C’est un rêveur lui-même! Ses productions démontrent qu’il est son propre et plus difficile critique, qu’il tourne pour lui-même en premier. Il veut se surprendre, voir ses limites. Douze ans après Memento (2000), son imagination labyrinthique l’a amené à conclure une trilogie qui passera à l’histoire. Combien de séries peuvent se targuer d’être excellentes de la première à la dernière production? Le dénombrement est encore plus petit quand on regarde pour un seul cinéaste derrière celle-ci? Mon but n’est pas dans faire la nomenclature, mais nommons quand même Francis Ford Coppola et Peter Jackson. Maintenant, il y a Christopher Nolan.
The Dark knight rises? Qu’écrire que je n’ai pas déjà couché sur la critique de son prédécesseur? En fait, il n’y aurait rien à rajouter, seulement que cette troisième aventure est un digne successeur au Chevalier noir (2008), ne le dépassant pas, mais l’égalant certainement. Huit ans ont passé depuis que « le » Batman a mis k.o. le Joker et Two-face, mais que son alter ego Bruce Wayne perdit l’amour de sa vie, Rachel Dawes. Maintenant reclus dans son manoir, tel un Howard Hughes, il regarde Gotham city vivre sans lui. Mais le passé resurgit. La Ligue des ombres, avec l’excommunié Bane (sombre Tom Hardy) à sa tête, veut terminer l’œuvre commencé par Ra’s Al Ghul il y a douze ans. Notre héros sortira de sa torpeur à la rencontre d’une douée voleuse, Selina Kyle (parfaite Anne Hathaway) et recroisera le fer avec la dure réalité. Tous sont contre lui. Aux yeux de la justice, il est l’ennemi public numéro un, mais un « fléau » changera la donne. Le plan machiavélique de Bane va au-delà de Gotham, il veut briser son justicier. Est-ce que le Chevalier noir a assez de forces et d’alliés pour combattre la plus grande crise que la ville aura connue? (Suspense) HAHHAHAHAHAHHAHA…………………..
Les frères Nolan ont fait leurs devoirs. En allant chercher le seul ennemi qui défit réellement Batman (Batman : Vengeance of Bane. DC comic, janvier 1993) et en acoquinant la plus mystérieuse de ses vilaines, Catwoman, au justicier, les ingrédients ne pouvaient qu’être explosifs. C’est sans compter sur le généreux et talentueux apport de sa distribution. C’est la beauté des productions du cinéaste, il a une clique fidèle d’acteurs qui sont l’appendice physique de son imagination tentaculaire. Morgan Freeman, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard, Tom Hardy, Liam Neeson, Gary Oldman, Christian Bale (évidemment!) et Michael Caine. Ce dernier reprend le rôle d’Alfred et réussit à imprégner le spectateur, malgré le peu d’apparitions à l’écran. Un autre oscar pour Caine et la trilogie? Les prédictions sont ouvertes.
Le plus merveilleux du triptyque, car le troisième opus ne saurait vivre sans les précédents, est qu’il parvient à rester crédible du début à la fin. Ancré dans une réalité trop proche de la nôtre, the Dark knight rises puise ses allégeances dans la Révolution française, la politique américaine contemporaine, les comics l’ayant vu naître (tsé!), la Divine comédie de Dante entre autres, et Nolan se les approprie pour façonner un remarquable ensemble cinématographique. Et qu’écrire sur l’apport musical de Hans Zimmer? Sachant que nous avons affaire à une fiction, le compositeur s’est permis d’élaborer des thèmes qui théâtraliseront l’œuvre et, grâce au pouvoir des images, permettront aux spectateurs de vivre une expérience sensorielle rarement vécue à l’écran. Parce que le réalisateur sait pertinemment qu’il fait du cinéma, ses personnages agissent comme tel. Sans trop de grandiloquence et avec une touche d’humour non dénué d’intelligence, ceux-ci livrent le message que « le » Batman voulu instaurer dès le début : prenez le contrôle de vos vies. Bane n’y va pas de mains mortes et c’est grâce à lui que Wayne ouvre enfin les yeux. Tout comme la population, représenté par un jeune policier (Joseph Gordon-Levitt), une voleuse (Hathaway), un vieux commissaire (Oldman) et une femme d’affaire (Cotillard). C’est d’ailleurs les seuls connaissant l’identité du héros. L’homme chauve-souris devient l’entité représentant la justice. Un héros pouvant mourir pour une quête plus grande que lui.
Bien entendu, certains minuscules détails amenuisent l’œuvre. Quelques coins ronds qui n’empêchent toutefois pas à the Dark knight rises de s’élever. Je n’ai pas envie de les énumérer. C’est le fameux côté de ma personne que je mentionnai plus haut, le m**dit avocat du diable qui cherche la m**de! Grâce à une solide histoire (entamée en 2005), à un scénario dense qui fait la part belle à tous ses protagonistes, à des effets spéciaux plus que réussis (l’appareil volant, surnommé the bat par Lucius Fox, est superbe. Tout comme le batpod… avec Catwoman dessus. Rooaaarrr!), à sa distribution, à la musique, etc… l’Ascension du chevalier noir conclue de manière épique une des meilleures trilogies que le cinéma nous ait donné. Pourquoi ai-je attendu dix jours avant d’écrire? Pour laisser retomber la poussière (suite à la sombre tragédie au Colorado) et me recentrer sur le fait que Batman 3 est finalement MONU-MENTAL!!! Snif!!!! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net