Critique de

THE LONE RANGER/THE LONE RANGER: LE JUSTICIER MASQUÉ
Les pirates du far-west

Eh oui!  Les studios Disney veulent recréer l’engouement que la série Pirates of the Caribbean a suscité envers un public de tout âge.  Pour se faire, ils ont réuni l’équipe complète, c’est-à-dire le producteur aux doigts d’or Jerry Bruckheimer, le réalisateur Gore Verbinski, l’acteur aux multiples-visages-qui-reste-quand-même-beau-le-sacrifice Johnny Depp, les scénaristes Terry Rossio et Ted Elliott.  S’y greffe, pour amener un semblant de nouveauté, l’auteur des excellents Revolutionary road et the Clearing, Justin Haythe.  Qu’est-ce que cette recette éprouvée donne comme résultat?  Un pirate au far-west.

Mais ne vous méprenez pas!?!  La production a de la gueule (Avec cette équipe, c’aurait été sacrilège du contraire).  La reconstitution de l’époque est superbe :  les trains, les majestueux et chauds décors rocailleux, les haletantes chevauchés, le jeu décontracté de la distribution, cette nouvelle version du Lone ranger n’a rien à envier aux vieux classiques des années ’60.  En fait, il dépoussière (Façon de parler!  Ya du sable à en faire pleurer une veuve et un orphelin) le genre pour le conduire au 21e siècle.  Verbinski sait y faire avec l’action et le montage (mérite à James Haygood et Craig Wood) et ce Lone ranger a des trippes au ventre.  Parlant du héros, le encore peu connu Armie Hammer parvient à tirer son épingle du jeu et ne se fait pas voler la vedette par son sexy acolyte qui interprète, lui, Tonto l’Amérindien dérangé.  Les deux font la paire.  Mais l’humour s’y collant manque de relief, Depp jouant dans les mêmes ligues que son Jack Sparrow ou Edward « maniéré » Scissorhands, ce qui agace à la longue.  Quant à l’histoire qui va donner naissance au justicier masqué, elle est plutôt prévisible, son frère se faisant tuer par un cowboy cannibale (William Fichtner), ce qui entraînera vengeance.  Il y a bien un complot plus grand que nature impliquant les chemins de fer et les indigènes qui mérite le détour, car Rossio, Elliott et Haythe ont fait leur devoir patriotique et ont creusé l’Histoire, mais tout ça n’est prétexte.

Le film est trop long pour nous garder attentif du début à la fin, à cause justement de cette petite enquête vengeresse qui s’étire et, malgré une essoufflante finale digne de Verbinski (une poursuite à deux trains, rien que ça!), the Lone ranger peine à faire sa place à l’extérieur des rangs des Pirates… et rappelle que trop le monumental flop de 2012, John Carter.  Disney s’était là aussi fourvoyé en donnant les rênes à un réalisateur de dessins animés (Andrew Stanton) et en mettant un quasi-inconnu en première ligne (Taylor Kitsch).  Encore ici, nous avons droit à une production léchée, enjouée, plus grande que nature, mais qui, monétairement parlant, n’est pas viable.  The Lone ranger a coûté près de 250M de dollar$ et même si l’argent est bien investi, c’est trop donné pour le résultat final.  L’originalité manque!  Le cowboy solitaire n’a pas la stature du superhéros standard 2013, même s’il est né bien avant eux (En 1933, de la plume de Fran Striker, pour être exact) et John Reid (LE fameux ranger) rappelle que trop souvent son neveu Britt Reid alias the Green Hornet, que Michel Gondry a caricaturé en 2011. 

The Lone ranger est un western visuellement attrayant, mais qui ne se détache du lot que pour la surenchère de cascades, d’action et de simagrées de Johnny.  Une chance que je ne m’attendais à rien, j’aurais été déçu.  J’étais juste ennuyé et je n’ai souri et/ou été diverti qu’à quelques reprises (dont la finale et la célèbre musique de Rossini, William Tell overture, lui étant indirectement associé.)  Correct, mais dans les circonstances, je ne considère pas ça un point positif.  3/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net