Critique de
THE/LE PRESTIGE
La classe…
…des grands! Christopher Nolan est en train de prouver au mode entier qu’il a l’étoffe des nababs. Il pourra, s’il continue ainsi, se vanter d’être de la même classe que les Hitchcock, Kubrick, Coppola, Scorsese, Minnelli (et j’en oublie!) Évidemment, il est trop tôt pour crier au génie, mais jusqu’à maintenant, sa filmographie ne ment pas : Following, Memento, Insomnia, Batman begins. Que de la crème! Avec son frère Jonathan comme scénariste, on assiste à un nouveau tandem, tel les Coen, où psychologie et « entertainment » font bon ménage (Oubliez pour le moment les frères Wachowski. Manque de diversité!) Le film the Prestige est une brique de plus dans les fondations! On sent un professionnalisme, une technique accomplie, dans toutes les phases du film : adaptation de Christopher Priest réussie; scénario dense et complexe; un casting cinq étoiles au sommet de l’art; une musique sophistiquée, mais classique à la fois (de David Julyan); une photographie sublime… La classe, je vous dis!
Nolan nous convie à un duel entre deux magiciens (Christian Bale et Hugh Jackman) qui ira jusqu’à l’affrontement mortel, où amour, secrets, manigances et crime se marient avec justesse. Suite à la mort de la femme/assistante de Robert Angier (Jackman), les deux apprentis magiciens prendront des routes parallèles et se jetteront des bâtons dans les roues tout au long de leurs carrières respectives. La rancune de l’un fera naître l’obsession de l’autre et ils n’auront de cesse que de voir l’adversaire tomber au combat.
Désolé si le synopsis semble vague comme ça, mais il m’est impossible de le décrire parfaitement sans en dévoiler des punchs, ce qui serait faire sacrilège au film. Car des revirements de situation, il y en a une légion dans le Prestige. Certains prévisibles, d’autres plus inattendus. La beauté du film reste l’intelligence du scénario, habile à jouer avec les conventions du cinéma et de nous revirer dans nos « shorts » en plein jour! Les Nolan nous avertissent, nous prennent par la main, pour ensuite nous laisser tomber au premier punch et ils nous regardent nous débattre dans l’intrigue, pour enfin nous jeter une bouée de sauvetage, sourires en coin! Quelle prévoyance…!! Et j’ai aimé ça, c’est effrayant! Jamais un temps mort pour le cerveau, il est toujours sollicité par quelque information, aussi anodine soit-elle.
Et que dire de la distribution! Malgré leurs belles gueules de jeune premier, Bale et Jackman se livrent une chaude lutte, non pas physique, mais artistique. Pourtant, aucun des deux n’a eu tendance à tirer la couverte de son côté, respect au réalisateur qui a su utiliser le meilleur d’eux-mêmes. Il y a aussi Michael Caine en « inventeur » de magie et Scarlett Johansson en assistante qui rivalisent d’adresse avec l’adaptation des Nolan. Toute l’équipe d’acteurs a été à la hauteur et ils ont porté avec justesse les subtilités du scénario.
Par contre, j’ai eu l’impression que Christopher a privilégié la technique à l’organique. Il est indéniable que le jeune réalisateur à une maîtrise de la caméra hors du commun, mais, dans le cas du Prestige, cela déconnectait parfois le spectateur, le distanciait des émotions véhiculées par les protagonistes. Cette qualité de rendu visuel m’a dérangé de temps à autre, car on n’embarque pas aussi rapidement dans l’action qu’on le voudrait. On s’attarde en premier lieu aux images pour ensuite se connecter au texte et aux comédiens. C’est un petit bémol qui prend quelques secondes par moments, mais qui se rétablit rapidement, dû à la qualité de l’ensemble. Perfectionniste que je suis… Christopher Nolan doit l’être encore plus que moi, c’est sûr! Ne gâchez pas votre plaisir pour si peu, le Prestige est un des très bons divertissements de l’année 2006 et un des premiers à se pointer en 2007. Il allie avec allégeance thriller, suspense, amour et fantastique, avec un doigté de maître.
Je me répète, mais Christopher Nolan est un nabab, nouvelle génération! Du gâteau que le Prestige! 4/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net