CRITIQUE DE
UNITED 93/UNITED VOL 93
Une des premières choses que l’on a entendu sur le film de Paul Greengrass (Bloody Sunday; Bourne supremacy) fut sa validité. Était-il trop tôt pour montrer à l’écran des souvenirs encore aussi frais à nos mémoires? Était-ce nécessaire? Personnellement, je répondrai que les questions ne se posent même pas, puisque le film existe. Point. Et d’ailleurs, il est difficile de commenter sur le contenu du sujet, car l’approche du réalisateur fut de travailler de concert avec les proches des victimes ET avec les dernières conversations téléphoniques qu’elles ont eues. Ce qui rend d’autant plus difficile l’écoute, car on sent la sobriété et la sincérité des propos. United vol 93 montre les minutes fatidiques qui ont précédé le crash du quatrième avion détourné le 11/09/01, le seul qui n’est pas atteint sa cible (à moins que la cible en question était un champs de la Pennsylvanie?! Très peu probable, n’est-ce pas?)
Greengrass et son équipe ont privilégié l’approche documentaire-fiction, avec une caméra nerveuse, des protagonistes inconnus, mais justes (dont certains ont vraiment vécu les tristes événements), une musique sobre (de
John Powell), un montage intelligemment imbriqué qui montre plusieurs scènes d’action en simultané. De l’émotion à l’état pur! Les images nous tiennent en haleine dès les premières secondes jusqu’à la finale coup-de-poing. En fait, United 93 EST coup-de-poing tellement il chavire l’estomac. Difficile de rester de marbre devant de tels gestes, autant du côté des terroristes que des victimes. Pourtant, les méchants musulmans ne sont pas dépeints comme de sales, vieux et dangereux tueurs, mais plutôt comme de simples êtres humains avec une cause. Je ne dirais pas que le scénariste/réalisateur est voulu montrer les deux côtés de la médaille, mais n’a pas non plus voulu caricaturer les terroristes. Une approche humaine, ce qui rend l’ensemble encore plus renversant, voire épeurant.
Le défi était de taille pour Paul Greengrass, dû au protectionnisme et au chauvinisme américains. Ceux-ci ne sont généralement jamais très chaud à l’idée de voir une page noire de leur Histoire sur grand écran (Vietnam; guerre du Golfe; Watergate….) Surtout que TOUT le monde se rappelle encore de ces terribles images des avions se crashant dans les Twin towers (j’étais dans le salon d’un ancien appart. et je suis resté debout pendant 1 heure à
pleurer. Oui, j’avoue! J’étais sous le choc! Tranche de vie… Passons!) L’excellente idée de Greengrass et de son équipe fut de rendre le tout le plus crédible possible, sans tomber dans le mélo et de jouer sur des suppositions (car personne ne peut savoir avec exactitude ce qui s’est réellement passé juste avant l’écrasement) Mais ce qu’ils savent, par le biais des cellulaires, c’est que les passagers se sont concertés pour renverser les terroristes. C’est un message d’espoir (impossible, dans le cas présent) que nous montre United 93. Même si nous savons, tout comme le Titanic, que l’avion va y passer, nous espérons qu’ils réussissent leur mission : survivre. Dur, je vous dis!!
United vol 93 est bouleversant, juste, incontournable. Un des films les plus complets de cette année. Émotion, action, information. Le réalisateur en profite même pour donner quelques coups de côté dans l’administration Bush en montrant l’incohérence et le brouhaha qui régnait dans certains services terrestres. Mais l’intérêt reste humain : des quidams qui deviennent par la force des choses des héros, des « leaders », pour leur vie en premier lieu, mais aussi pour leur pays.
À la fin du film, j’étais sans voix, déflaboxé. C’est un film nécessaire qui marquera sûrement une génération (tout comme la tristement célèbre journée…) Intelligent, sobre. Bravo! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net