Critique de
WATCHMEN/LES GARDIENS
Watch out!!!
Voilà l’adaptation du roman graphique que les fans attendaient dans le détour et ils ne seront pas déçus. Certes, quelques puristes (tel que moi, je l’admets!) chigneront sur certains détails omis par David Hayter et Alex Tse, mais personnellement, je suis capable de mettre de l’eau dans mon vin et le film de Zack Snyder est vraiment fidèle à l’œuvre de Dave Gibbons et Alan Moore… Hormis la finale !!!
Classé dans les 100 meilleurs romans du siècle par le Time magazine, Watchmen est plus qu’un autre comic book mettant en scène des superhéros. L’auteur Alan Moore (celui-là même qui nous a donné V for vendetta) y va de conjoncture politique, de magouilles économiques et de vendetta personnelle. Quant à la production cinématographique, elle se classe aisément aux côtés de the Dark knight et autres Spiderman pour ce qui est de la richesse de l’histoire, de la recherche esthétique et du contenu du scénario. Mais l’avantage (ou l’inconvénient, du point de vue où l’on se place) est la multitude de personnages à gérer. Ceux qui auront lu le livre s’y retrouveront facilement, car Snyder et sa gang s’y colleront agressivement. Pour les profanes, je tente de me mettre à leur place, de le voir d’un œil vierge et je crois qu’ils pourraient s’y perdre, tant l’information y est condensé. On ne peut cependant en vouloir aux scénaristes, car l’œuvre de Moore et Gibbons pullulent de détails visuels et psychologiques, mais sur 2h40 quelque de pellicule, Watchmen est un résumé exhaustif et intelligent du roman de 1988.
Outre la « liberté » qu’ont prise Hayter et Tse quant à la finale, mon autre bogue en est sa violence visuelle exacerbée. D’accord, ce 1985 avec Nixon à la présidence et les Russes sur le pied de guerre en fait un drame fantastique original, mais je ne crois pas qu’il fut nécessaire de mettre autant d’accent sur le cassage de jambes, le giclage de front et le sciage de bras !! Même si c’est un choix artistique, je pense qu’une auto-suggestion, voire une caméra subjective aurait tout en autant fait le travail. Mais nous vivons dans un monde où le sexe, la violence et la religion sont banalisés et plutôt monnaie courante. Je comprends que Snyder aie voulu rejoindre une nouvelle cible, un public jeune ne connaissant que peu le roman graphique. Moi-même, j’ai découvert sur le tard Watchmen, mais mon attention ne fut pas porté en premier lieu sur le visuel de l’œuvre (plutôt académique de Gibbons), mais sur la profondeur et l’ampleur des textes de Moore. Il révolutionnait sûrement un genre qui stagnait en humanisant ainsi des hommes et femmes se battant pour la justice (c’est d’ailleurs la même période où travaillait Frank Miller sur Batman).
Hayter et Tse auront trouvé l’essence du roman, Snyder, sa fidélité visuelle (la reconstitution des « eighties » est excellente, comprenant la musique !) et les comédiens y sont parfaits. Venons-en à eux ! Le choix de « caster » des seconds rôles dans ces personnages mythiques en fut une de génie. Aucun acteur ne vole la vedette à son alter ego et l’attention du spectateur reste sur l’évolution de ceux-ci dans le récit. Cependant, j’ai un bémol sur Matthew Goode en Oxymandias que je trouve un brin trop jeune pour le rôle (mais je l’ai écris plus haut, je suis puriste). Le livre nous présentait des « has been » vieillissants, fuyant leur passé, se cachant sous une autre carapace et Goode ne reflète pas cette « expérience » de superhéros à la retraite. Par contre, ma surprise vient non pas de la transposition réussie de Dr. Manhattan (avec un Billy Crudup les trois-quarts du temps nu !), mais de Dan Dreiberg alias Nite owl II alias le comédien Patrick Wilson. Il rappelle avec tact un certain Clark Kent et son double héroïque. Il interprète avec fougue et poigne un Nite owl perplexe, pris de doutes et tiraillé par l’amour et la peur.
Honnêtement, j’ai vu le comic book sur grand écran et je fus épaté ! C’est juste mon c****tie de défaut à chercher l’aiguille dans la botte de foin qui revient sans cesse… Et, quand j’y pense, le choix de terminer le film de cette façon est tout de même honorable et logique à l’atmosphère du roman. Mais… Si un bonhomme bleu jouant les Dieux peut être accepté des humains, je ne vois pas ce que la finale de Moore et Gibbons aurait dérangé ??!!? Désolé si je suis évasif, mais je ne veux pas brûler de punch (même si vous êtes plusieurs à avoir lu Watchmen. Bien vous en faille !!)
Les Gardiens est une œuvre dense, intelligente, un peu simpliste, car condensé, mais d’un raffinement qui raviront les amateurs d’action, de drame et de thriller politique. Encore une fois, le réalisateur Zack Snyder frappe et court. Trois en trois, c’est plutôt une bonne moyenne (le remake Dawn of the dead ; 300 et Watchmen). À quand une production originale ??!! Qu’on voie une autre facette de son talent !?! Pour le moment, « seat back and enjoy the ride » !! (C’est l’fun de ne pas être pris pour des cruches, des fois !!!!) 4.25/5 (Ben quoi ?! C’est une coche en-dessous de Dark knight, quand même !!) par François Gauthier cinemascope@deltar.net